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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/215

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tion sommaire étant terminée à la satisfaction du capitaine, il ordonna aux dragons de laisser les Skinners remettre leurs habits, et de monter à cheval, attendu qu’ils formaient un détachement qui devait s’avancer plus loin dans le comté.

— Vous voyez, mon cher ami, dit le capitaine au chef de la bande, quand celui-ci fut prêt à partir, que je suis en état de vous couvrir au besoin ; et si nous nous rencontrons souvent, je vous promets que vous serez couvert de cicatrices qui, si elles ne sont pas très-honorables, seront du moins bien méritées.

Le brigand ne répondit rien, et, ramassant son fusil, il pressa ses compagnons de partir. Dès que tous furent prêts ils se mirent en marche en silence, se dirigeant vers quelques rochers à très-peu de distance, et près desquels était un bois épais. La lune se levait en ce moment, et il était facile de distinguer les dragons qui étaient encore au même endroit. Tout à coup les Skinners firent volte-face, les couchèrent en joue et lâchèrent leur coup. Ce mouvement fut aperçu ; on entendit le bruit des chiens frappant contre les platines ; les soldats y répondirent par de grands éclats de rire, et le capitaine s’écria :

— Ah ! scélérats, je vous connais, et j’ai fait retirer les pierres de vos fusils.

— Il fallait donc aussi prendre celle qui est dans ma poche s’écria le chef, et presque au même instant il fit feu. La balle siffla aux oreilles de Lawton, qui secoua la tête, et dit en souriant qu’il n’avait été manqué que d’un pouce. Un dragon avait vu les préparatifs que faisait, pour tirer un second coup, le chef des Skinners, resté seul, toute sa bande ayant pris la fuite après avoir vu échouer un projet inspiré par la rage et la vengeance. Le soldat venait de faire sentir l’éperon à son cheval à l’instant où le Skinner avait fait feu. La distance jusqu’aux rochers n’était pas grande ; mais la nécessité d’éviter la vitesse supérieure du cavalier fit que le brigand, dans sa précipitation, laissa tomber son fusil et même le sac de guinées. Le dragon s’en saisit et voulut remettre l’argent au capitaine. Mais Lawton refusa de le reprendre, et lui dit de le garder jusqu’à ce que le Skinner vînt le réclamer en personne. Il aurait été assez difficile à aucun des tribunaux existant alors dans les États de faire mettre à exécution une ordonnance de restitution de cette somme, car elle fut peu de temps après très-équitablement distribuée par le sergent Hollister entre tous les soldats de la compagnie. Le détachement se mit en marche