Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/251

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semblable pouvait être jugé digne de cet honneur, il serait fort aisé de l’envoyer chercher aux Quatre-Coins, et je ne doute pas qu’il ne convînt parfaitement au doigt pour lequel il en manque un. Il y a une forte ressemblance entre… hem !… entre feu ma sœur et miss Wharton pour la taille et toute la structure anatomique, et les proportions sont ordinairement observées dans tout le système de l’économie animale.

Un coup d’œil de miss Peyton rappela le colonel Wellmere au sentiment de son devoir. Il s’empressa de se lever, s’avança vers le docteur, et l’assura qu’il ne pouvait acquérir plus de droits à sa reconnaissance qu’en envoyant chercher cette bague. Sitgreaves le salua avec un peu de hauteur, et se retira pour accomplir sa promesse en dépêchant un messager pour cette mission. Miss Peyton le laissa sortir mais ne se souciant pas qu’un étranger fût admis dans la confidence de ces arrangements domestiques, elle se détermina à le suivre et à lui offrir les services de César pour ce message au lieu du domestique du capitaine Singleton qu’Isabelle avait proposé pour s’en acquitter, son frère, probablement par son état de faiblesse, ayant garde le silence pendant toute la soirée. Katy Haynes fut donc chargée d’avertir le nègre de se rendre dans un autre appartement où miss Peyton et le docteur allèrent lui donner leurs instructions.

Les motifs qui avaient déterminé M. Wharton à consentir à ce mariage si soudain entre sa fille aînée et le colonel Wellmere, surtout dans un moment où la vie d’un membre de la famille courait un si grand danger, étaient la conviction que les troubles qui régnaient dans le pays ne permettraient probablement pas de longtemps aux deux amamts de se réunir, et une crainte secrète que la mort de son fils, en accélérant la sienne, ne laissât ses deux filles sans protecteur. Mais, quoique miss Peyton eût cédé au désir de son beau-frère pour profiter de l’arrivée inopinée d’un ministre de l’Église, elle n’avait pas jugé à propos d’ébruiter le mariage futur de sa nièce dans tous les environs, et elle n’en aurait rien fait quand même le temps l’eût permis. Elle crut donc qu’elle allait apprendre un grand secret à César et à la femme de charge.

— César, lui dit-elle en souriant, il est bon que vous sachiez que votre jeune maîtresse, miss Sara, va épouser ce soir le colonel Wellmere.

— Oh ! oh ! moi m’en être bien douté, répondit César en riant, et en branlant la tête d’un air satisfait de sa pénétration. Quand