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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/260

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ordonné quelque part, dans les écrits des apôtres, que l’homme et la femme seraient à cet égard sur le pied de l’égalité ; mais jusqu’à quel point la polygamie ne pouvait-elle pas affecter la sainteté de la vie ? Ce fut sans doute un arrangement scientifique de saint Paul, qui était un homme instruit, et qui probablement avait eu de fréquentes conférences sur cet important sujet avec saint Luc, qui, comme tout le monde le sait, avait été élevé dans la pratique de la médecine.

Miss Peyton ne répondit à cette savante discussion que par un autre salut qui aurait rendu muet un bon observateur ; mais le capitaine Lawton, qui pendant tout ce temps était resté assis le menton appuyé sur ses mains placées sur le pommeau de son sabre, dont le fourreau reposait sur le parquet, et portant alternativement les yeux sur le docteur et sur le colonel, prit la parole à son tour.

— Cet usage existe pourtant encore dans certains pays, dit-il, et précisément dans ceux où il fut d’abord aboli par le christianisme. Le colonel Wellmere pourrait-il me dire quelle est la punition de la bigamie en Angleterre ?

Wellmere leva les yeux sur celui qui l’interrogeait ; mais il les baissa sur-le-champ, ne pouvant supporter le regard perçant qu’il rencontra. Cependant un effort bannit le tremblement de ses lèvres et rendit quelque couleur à ses joues, tandis qu’il répondait :

— La mort, comme le mérite un tel crime.

— Et la dissection, ajouta le docteur ; car nos législateurs ont été assez sages pour vouloir rendre le criminel utile à la société, même après la punition de son crime, et la bigamie en est un des plus odieux.

— Plus que le célibat ? lui demanda Lawton d’un ton de sarcasme.

— Sans aucun doute, répondit le chirurgien avec une simplicité imperturbable. Si le célibataire ne contribue pas à la multiplication de l’espèce humaine, il peut dévouer son temps à la propagation des lumières de la science. Mais le misérable qui abuse de la tendresse et de la crédulité du sexe le plus faible est aussi méprisable que criminel, et ne mérite aucune pitié.

— Croyez-vous, docteur, que les dames doivent vous savoir beaucoup de gré de les représenter comme faibles et crédules ?

— Vous ne pouvez nier, capitaine Lawton, que dans l’homme l’animal ne soit plus noblement formé que dans la femme. Ses