Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/263

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des étrangers ! Prenez-y garde, pourtant, ajouta-t-il en portant la main sur la poignée de son sabre ; toute fille de l’Amérique a droit à la protection de ses enfants, et il n’en existe aucune qui soit assez délaissée pour ne pas trouver un vengeur quand elle est outragée ou insultée.

— Fort bien, Monsieur, répondit Wellmere avec hauteur en s’avançant vers la porte, votre situation vous protège mais il peut venir un jour…

Il sortait du salon, quand il se sentit frapper légèrement sur l’épaule. Il se retourna, et vit le capitaine Lawton, qui, avec un sourire dont l’expression était toute particulière, lui fit signe de le suivre. Wellmere était dans une telle situation d’esprit, qu’il aurait été partout plutôt que de rester en butte aux regards d’horreur et de mépris dont il était l’objet. Ils arrivèrent près de l’écurie avant que le capitaine eût prononcé un seul mot, et alors il s’écria à voix haute :

— Amenez-moi Roanoke !

Son domestique parut à l’instant, avec le cheval sellé, bridé, et prêt à partir. Lawton jeta la bride sur le cou de l’animal avec le plus grand sang-froid, et prenant ses pistolets d’arçon : — Vous avez eu raison, colonel Wellmere, dit-il, de déclarer que George Singleton n’est pas en état de combattre en ce moment ; mais voici des pistolets qui ont déjà bien vu du service, et qui ne se sont jamais trouvés que dans les mains d’hommes d’honneur. Ils ont appartenu à mon père, colonel ; il s’en est servi avec honneur dans les guerres contre la France, et il me les a donnés pour les employer pour la cause de sa patrie. Puis-je m’en servir plus honorablement que pour châtier un misérable qui voulait flétrir une des plus belles fleurs de mon pays ?

— Je vous châtierai moi-même de cette insolence, s’écria le colonel en saisissant l’arme qui lui était offerte, et que le sang retombe sur la tête de celui qui a été l’agresseur !

— Amen, dit Lawton. Vous êtes libre maintenant ; vous avez en poche un passeport de Washington je vous cède le premier feu. Si je succombe, voici un coursier qui vous mettra bientôt à l’abri de toute poursuite, et faites retraite sans délai, car pour une telle cause Sitgreaves lui-même se battrait, et vous n’auriez aucun quartier à attendre de l’escouade de dragons qui est là-bas.

— Êtes-vous prêt ? s’écria Wellmere en grinçant les dents de rage. — Approchez avec la lumière, Tom. — Feu !