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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/296

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— Je vous tiens, homme ou diable ! s’écria le capitaine en tirant son sabre. Arrêtez-vous, et je vous promets quartier.

La proposition parut acceptée, car au son de la voix forte du dragon, cette espèce de boule noire s’arrêta, et parut une masse informe privée de vie et de mouvement.

— Qu’avons-nous ici ! s’écria Lawton en s’arrêtant à côté ; est-ce une robe de gala de cette bonne dame miss Jeannette Peyton qui rôde autour de son ancien domicile et qui cherche sa maîtresse ?

S’appuyant sur ses étriers, et plaçant la pointe de son sabre sous le bord d’une grande robe de femme de soie noire, il la souleva, et vit par dessous le révérend aumônier de l’armée royale, qui s’était enfui des Sauterelles la nuit précédente, revêtu de ses habits sacerdotaux.

— Sur ma foi ! l’alarme d’Hollister n’était pas sans quelque fondement, dit le capitaine. Un aumônier d’armée a toujours été un objet de terreur pour un détachement de dragons.

Le révérend personnage avait suffisamment recouvré l’usage de ses facultés pour voir qu’il avait affaire à une figure qu’il connaissait, et un peu déconcerté de la terreur qu’il avait montrée, il se releva, et chercha à s’excuser le mieux qu’il lui fut possible. Lawton écouta ses explications avec bonne humeur, quoique sans y ajouter entièrement foi, et après l’avoir assuré qu’il n’y avait plus rien à craindre dans la vallée, il mit pied à terre avec politesse, et ils se dirigèrent vers l’endroit où étaient restés les dragons.

— Je connais si peu l’uniforme des rebelles, Monsieur, dit l’aumônier, qu’il m’était réellement impossible de savoir si ces hommes, que vous dites être sous vos ordres, n’appartenaient pas à cette bande de maraudeurs.

— Vous n’avez pas besoin d’apologie, Monsieur, répondit Lawton avec un sourire ironique ; comme ministre de Dieu, votre besogne n’est pas de faire attention aux parements d’un habit : nous reconnaissons tous l’étendard sous lequel vous servez.

— Je sers sous l’étendard de Sa très-gracieuse Majesté George III, répliqua l’aumônier en essuyant la sueur froide qui lui couvrait le front ; mais réellement l’idée d’être scalpé suffit pour faire perdre courage à un novice comme moi dans le métier des armes.

— Scalpé ! répéta Lawton un peu brusquement, et en s’arrêtant tout à coup. Mais se calmant sur-le-champ, il ajouta avec beaucoup de sang-froid : — Si vous parlez de l’escadron de cavalerie légère des dragons de la Virginie, commandé par Dunwoo-