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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/401

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en un instant les deux collines où l’on voyait d’un côté les Américains, de l’autre les troupes royales, offrirent une scène animée. Le jour commençait à paraître, et des deux côtés on se mettait en mesure, ici pour attaquer, là pour se défendre. Les Américains avaient l’avantage du nombre ; mais pour la discipline et les armes, la supériorité était entièrement du côté des Anglais. Les dispositions pour le combat ne prirent que peu de temps, et le soleil se levait à peine quand la milice se mit en marche.

Le terrain offrait des obstacles aux mouvements de la cavalerie, et les dragons ne purent avoir d’autres ordres que d’attendre le moment de la victoire pour se mettre alors à la poursuite de l’ennemi en déroute. Lawton fit monter à cheval sa petite troupe, et la laissant sous le commandement d’Hollister, il parcourut les lignes des miliciens qui, étant pour la plupart sans uniforme et imparfaitement armés, avaient pourtant été disposés de manière à former une sorte de ligne de bataille. Un sourire de mépris se peignait sur les lèvres du capitaine, tandis que d’une main habile il guidait Roanoke à travers leurs rangs mal alignés. Lorsque l’ordre de marcher leur eut été donné, il tourna le flanc du régiment et le suivit à quelques pas. Les Américains avaient à descendre dans une petite vallée et à gravir l’autre colline pour approcher de l’ennemi. Ils descendirent en assez bon ordre et avancèrent jusqu’au pied de la hauteur ; mais alors les Anglais marchèrent à leur rencontre, ayant leurs flancs protégés par la nature du terrain. Les miliciens, en voyant arriver leurs ennemis, firent feu les premiers ; leur décharge fit effet, et les Anglais en furent un instant ébranlés. Cependant leurs officiers les eurent bientôt ralliés, et les volées de mousqueterie se succédèrent avec rapidité. Le feu fut meurtrier pendant quelques minutes ; mais alors les troupes régulières marchèrent contre les Américains la baïonnette en avant. Ceux-ci n’étaient pas assez bien disciplinés pour résister à une pareille attaque : leurs rangs se rompirent, se divisèrent en compagnies et en fragments de compagnies, et enfin le champ de bataille fut couvert d’Américains fuyant de toutes parts en désordre.

Lawton avait vu jusqu’alors toutes ces opérations en silence et sans ouvrir une seule fois la bouche ; mais en ce moment la honte dont étaient couvertes les armes de son pays le saisit d’indignation ; il mit Roanoke au galop le long de la montagne, et rappela les fuyards à haute voix, leur montrant l’ennemi et leur disant