Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/87

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Grande-Bretagne en Amérique qu’un seul régiment de cavalerie régulière ; mais, suivant les circonstances et les projets des commandants des forces royales, des légions et des corps indépendants se formaient en différents endroits. Ici on les composait d’hommes levés dans les colonies mêmes ; là on métamorphosait en cavaliers des soldats de régiments de ligne, et on leur faisait oublier l’exercice du mousquet et de la baïonnette pour leur apprendre le maniement du sabre et de la carabine. C’était ainsi qu’un corps d’infanterie subsidiaire, les chasseurs hessois, avait été transformé en un escadron de cavalerie pesante dont on n’avait pas encore tiré de grands services.

La cavalerie américaine, au contraire, était composée des meilleures troupes des colonies. Celle des provinces du sud se faisait surtout remarquer par la discipline et le courage, et elle avait pour chefs des patriotes zélés dont l’enthousiasme se communiquait à leurs soldats, qui étaient des hommes choisis avec soin et propres au service auquel on les destinait. Aussi, tandis que les Anglais se bornaient à se maintenir dans les ports de mer et dans les villes les plus considérables, les troupes légères des Américains étaient en possession des campagnes et de tout l’intérieur du pays.

Les troupes de ligne des Américains enduraient des souffrances sans exemple ; mais l’enthousiasme doublait leurs forces et leur résignation. Les cavaliers étaient bien montés, les chevaux bien nourris, et par conséquent les uns et les autres étaient en état de rendre de bons services. Le monde n’aurait peut-être pu fournir un corps de cavalerie légère plus brave, plus entreprenant et plus irrésistible que ne l’étaient quelques-uns de ceux de l’armée continentale à l’époque dont nous parlons.

Le régiment de Dunwoodie s’était déjà signalé plusieurs fois, et il attendait avec impatience le moment d’avancer contre des ennemis qu’il avait rarement chargés en vain. Ce vœu ne tarda pas à être exaucé ; car à peine leur commandant avait-il eu le temps de se remettre en selle, qu’on vit un corps ennemi déboucher dans la vallée, en tournant la base d’une montagne qui arrêtait la vue du côté du sud. Quelques minutes mirent le major en état de les distinguer.

Dans ceux qui marchaient les premiers, il reconnut l’uniforme vert des Vachers, et dans le second corps les casques de cuir et les selles de bois des Hessois. Leur nombre n’était guère plus