Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cher en rampant une protection plus assurée dans l’intérieur de la maison, et monta sur-le-champ dans le salon.

Une petite haie entourait un enclos situé presque en face des Sauterelles, et les chevaux des deux dragons y avaient été attachés au piquet pour y attendre le départ de leurs maîtres. Les Américains victorieux avaient poursuivi les Hessois en retraite jusqu’à l’endroit où ceux-ci se trouvaient sous la protection du feu de leur infanterie ; les deux guerriers pillards se trouvant cachés dans cet enclos à l’abri de tout danger immédiat, cédèrent à une tentation à laquelle peu de soldats de leurs corps étaient en état de résister : l’occasion de s’emparer de deux chevaux. Avec une hardiesse et une présence d’esprit qu’ils ne pouvaient devoir qu’à une longue pratique de pareils exploits, ils coururent vers leur proie par un mouvement presque spontané. Ils étaient occupés à dénouer les cordes qui attachaient les chevaux, quand le dragon qui était de garde sur la pelouse tira contre eux ses deux coups de pistolet, et courut dans l’enclos, le sabre à la main, pour s’opposer à l’enlèvement des chevaux.

Son compagnon qui était dans le salon avait redoublé de vigilance à l’égard de son prisonnier, en y voyant entrer César ; mais ce nouvel incident l’attira une seconde fois à la croisée ; et avançant la moitié du corps hors de la fenêtre, il chercha par sa présence, ses imprécations et ses menaces, à effrayer les maraudeurs et leur faire abandonner leur proie. Le moment était propice pour Henry, et la tentation était forte. Trois cents de ses camarades étaient à un mille de distance ; des chevaux sans maîtres couraient de toutes parts dans la vallée ; saisissant donc brusquement par les jambes son gardien surpris, il le jeta la tête la première sur la pelouse. César se précipita hors de l’appartement et alla fermer aux verrous la porte d’entrée de la maison.

La chute du soldat ne fut pas dangereuse, il se releva sur-le-champ, et sa fureur prit d’abord pour objet son prisonnier ; il trouva cependant impossible d’escalader la fenêtre en face de son ennemi ; et courant à la porte, il la trouva fermée.

Pendant ce temps son camarade l’appelait à grands cris à son secours, et bannissant toute autre pensée, le dragon déconcerté courut à son aide. Un de leurs chevaux était déjà en liberté, mais l’autre était attaché à la selle d’un des Vachers. Ceux-ci s’enfuirent derrière la maison, les dragons les poursuivirent, le combat s’engagea, et l’air retentit du cliquetis de leurs sabres et du bruit