de Mildred un baiser si paternel, que la délicatesse la plus scrupuleuse n’aurait pu s’en alarmer, vous réussirez mieux que moi à calmer l’agitation de ce jeune cœur. J’ai à peine besoin de vous dire que si le hasard m’a fait entendre des choses que je n’aurais pas dû savoir, c’est un secret pour moi, comme c’en serait un pour votre propre frère. Les calculs faux et intéressés d’un individu ne peuvent nuire à la réputation des autres, et cette occasion m’a fourni le moyen de vous apprécier, vous et votre aimable fille, mieux que je n’aurais pu le faire après des années d’une connaissance ordinaire.
— Ne le jugez pas trop sévèrement, amiral Bluewater. Il est resté trop longtemps à cette fatale table, qui coûtera peut-être la vie à ce pauvre sir Wycherly, et il ne savait pas ce qu’il disait. Jamais je ne l’avais entendu parler d’une telle manière ; jamais je ne l’avais vu disposé à se jouer de la sensibilité de cette chère enfant ou à la blesser.
— L’agitation extrême dans laquelle ses discours ont jeté votre aimable fille, Madame, en est une preuve et démontre la vérité de ce que vous dites. Regardez-moi comme votre sincère ami, et comptez sur ma discrétion.
La mère affligée l’écouta avec reconnaissance, et Mildred quitta la position extraordinaire qu’elle occupait, ne sachant trop elle-même quelle espèce d’égarement l’avait portée à la prendre.
CHAPITRE IX.
ir Wycherly avait réellement eu une attaque d’apoplexie. C’était
la première maladie sérieuse qu’il eût faite pendant une longue vie
passée dans la santé et la prospérité ; et la vue d’un maître bon et
indulgent dans cette malheureuse situation rafraîchit d’une manière
surprenante les cerveaux échauffés de tous ses domestiques. M. Rotherham,
qui vidait au besoin ses trois bouteilles, avait appris à saigner,
et la veine qu’il avait piquée pendant que son patient était