— À ces mots, qui annonçaient le rang de l’officier qui passait dans la barge, le silence se rétablit, et il ne fut plus interrompu que par le bruit mesuré des avirons. À mesure qu’elle approchait d’un autre bâtiment, la même question et la même réponse se faisaient entendre, et le calme de la nuit y succédait invariablement. Enfin les deux dames virent la barge accoster le César, vaisseau du contre-amiral ; d’où elle fut hélée pour la dernière fois. Il y eut alors un léger mouvement à bord du César, et bientôt après les fanaux qui avaient été placés dans la mâture furent amenés. On voyait encore deux ou trois bâtiments ayant un fanal à la corne, ce qui indiquait que leurs capitaines n’étaient pas encore de retour à leur bord, soit qu’ils fussent à terre ou en visite sur un autre bâtiment. L’amiral en chef ne devant pas retourner à bord cette nuit, le Plantagenet n’avait pas hissé de feux.
Après cette dernière scène, mistress Dutton et sa fille allèrent se reposer, et ainsi se termina une journée fertile en événements, mais beaucoup plus importante pour elles qu’elles ne pouvaient l’imaginer.
CHAPITRE XI.
uoique l’amiral Bluewater donnât le moins de temps possible au
sommeil, il n’était pas ce que les Français appellent matinal. Il y a
un moment dans la matinée, à bord d’un bâtiment de guerre, celui
où on lave les ponts, qu’on ne peut mieux comparer qu’aux désagréments
de la purification américaine qu’on appelle dans les États-Unis
nettoyer une maison. Cette opération de laver les ponts a lieu
tous les jours vers le lever du soleil, et tout officier qui peut se dispenser
de s’en occuper ne pense jamais à s’immiscer dans ses mystères,
à moins que quelque motif extraordinaire n’exige sa présence
sur le pont. C’est une heure de crise à bord d’un vaisseau, et ce
qu’ont de mieux à faire tous les inutiles et tous les officiers de quart
qui ne sont pas de service, est de rester dans leur chambre, si leur