cères, sans penser aux conséquences qu’elle avait eues pour elles.
La fille ne songea pas même un instant combien elle avait été près d’avoir six mille livres en sa possession, et combien il était cruel que la coupe contenant ce qui aurait été pour elle une fortune, eût été brisée à l’instant où elle touchait presque à ses lèvres. La vérité nous force pourtant à avouer que la mère se rappela une fois cette fâcheuse circonstance avec une sensation qui ressemblait beaucoup au regret. Un souvenir semblable eut son influence dans les manifestations de chagrin de plusieurs autres, surtout des domestiques, qui étaient pourtant trop étourdis par tout ce qui venait de se passer, pour afficher une affliction bien profonde. Sir Gervais et Atwood étaient extrêmement piqués en voyant que toutes les peines qu’ils avaient prises n’avaient abouti à rien. En un mot on ne se livra que modérément aux sentiments ordinaires en pareil cas, mais on observa strictement tout le décorum convenable.
Sir Reginald Wychecombe remarqua ces circonstances avec attention et prit ses mesures en conséquence. Saisissant un moment favorable pour se concerter avec les deux amiraux, sa décision fut bientôt prise, et une heure après la mort de son parent, tous ceux qui avaient été présents aux derniers moments de la vie de sir Wycherly étaient réunis dans une chambre de la maison qu’on avait coutume d’appeler la bibliothèque, quoiqu’il s’y trouvât fort peu de livres et qu’on les lût très-rarement. Avant cette réunion, il y avait eu entre sir Reginald et les deux amiraux une consultation à laquelle Atwood avait été admis ex officio. Tout avait donc été arrangé d’avance, et l’on ne perdit pas de temps inutilement quand toute la compagnie fut arrivée. Le baronnet entra en matière sans préambule et s’exprima de la manière la plus claire.
— Messieurs, dit-il, et vous aussi, braves gens qui étiez au service de feu sir Wycherly Wychecombe, vous connaissez tous le malheureux état dans lequel se trouve cette maison. Par suite de la mort récente de celui qui en était le maître, elle reste sans chef, et le défunt étant décédé sans avoir jamais été marié, ne laisse par conséquent aucun enfant pour prendre sa place comme son héritier naturel et légal. Dans un sens, je pourrais être regardé comme son plus proche parent, quoique, par une disposition de la loi commune, je n’aie aucun droit à sa succession. Néanmoins, vous savez tous que son intention était de me nommer son exécuteur testamentaire, et je pense qu’il convient qu’on fasse sur-le-champ toutes les recherches nécessaires pour s’assurer si le défunt a laissé un testament, qui nous ferait connaître comment il a disposé de ses biens, et qui a le droit de