Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/263

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ment. Chaque pied que nous avançons au sud doit nous le faire relever plus à l’ouest, tandis que le chemin qu’il fait à l’est réagit sur ce changement, et le fait paraître plus au sud.

— Cela est fort clair ; mais comme il doit avancer de trois brasses pendant que nous avançons d’une, faisant route vent arrière, et par une telle brise, je crois que nous devons toujours en calculer la situation plus au sud qu’elle ne le paraît.

— Sans contredit, amiral, et c’est précisément ce que nous faisons. Je crois pouvoir déjà reconnaître une différence d’un demi-rhumb ; mais quand nous aurons son fanal bien en vue de notre dunette, nous serons en état de la calculer avec une exactitude parfaite.

— Fort bien, Cornet. Faites-moi le plaisir de prier le capitaine Stowel de venir me parler, et ne perdez de vue aucun des bâtiments de ma division. — Attendez ! — Parmi les midshipmen de quart, s’en trouve-t-il un qui ait la vue particulièrement bonne ?

— Lord Geoffrey Cleveland, amiral ; je n’en connais aucun qui en ait une meilleure. Il ne se fait pas une espiéglerie dans toute l’escadre qu’il ne la voie, et il doit voir aussi bien toute autre chose.

— C’est ce qu’il me faut. Envoyez-le-moi ; mais auparavant ayez soin d’en informer l’officier de quart.

Bluewater était extrêmement scrupuleux dans l’exercice de son autorité sur ceux qui étaient chargés de devoirs qui leur donnaient des supérieurs temporaires, et quand il envoyait quelque ordre à un marin faisant partie d’un quart, il chargeait toujours l’officier de ce quart de le lui transmettre. Il n’avait attendu qu’une minute quand le jeune homme arriva.

— Avez-vous la poigne bonne cette nuit, jeune homme ? lui demanda le contre-amiral en souriant ; ou sera-ce les deux mains pour vous, et pas une pour le roi ? J’ai besoin que vous montiez sur la vergue du petit perroquet et que vous y restiez huit ou dix minutes.

— C’est une route bien connue, amiral, et je l’ai faite plus d’une fois, répondit Geoffrey avec gaieté.

— Je le sais. Vous ne reculez certainement jamais quand il s’agit du service. Allez donc, et assurez-vous si l’on peut apercevoir les fanaux d’aucun des bâtiments de la division de sir Gervais. Vous vous rappellerez que le Douvres nous reste à peu près au sud-ouest, et qu’il est loin au large. Je pense que les bâtiments de sir Gervais doivent être tous dans la même direction, mais plus loin en mer. En regardant attentivement un quart ou un quart et demi au vent du Douvres, il est possible que vous aperceviez le fanal du Warspite, et alors nous pour-