Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/348

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n’hésitait pas à attaquer une force double de la sienne quand l’occasion s’en présentait, comme on vient de le voir. Ses officiers appelaient ses revues — l’exercice à feu de sir Jarry, – trouvant un malin plaisir à comparer tout ce qui sortait de la routine ordinaire de la marine à quelque usage des troupes de terre.

Malgré les plaisanteries des officiers de l’escadre, Bunting reçut les ordres de l’amiral, fit les signaux nécessaires, et les réponses ne se firent pas attendre. Le commandant en chef donna alors des instructions verbales au capitaine Greenly, et descendit dans sa chambre pour se préparer à la scène qui allait avoir lieu. Quand sir Gervais reparut sur la dunette, il était en grand uniforme et portait les insignes de l’ordre du Bain, comme c’était son usage dans les occasions solennelles. Atwood et Bunting étaient à son côté, et les Bowlderos, en riche livrée, étaient derrière lui. Le capitaine Greenly et son premier lieutenant vinrent le joindre dès qu’ils eurent donné tous les ordres nécessaires relativement au vaisseau. De l’autre côté de la dunette, tous les soldats de marine qui n’étaient pas de garde étaient rangés en triple ligne et avaient leurs officiers à leur tête. Le Plantagenet avait cargué sa grande voile, halé bas ses voiles d’étai et mis le grand hunier sur le mât, avec ordre de maintenir le vaisseau gouvernant, afin que, ne faisant que peu de chemin, l’entrevue pût se prolonger. Après avoir fait ces préparatifs, le commandant en chef attendit l’arrivée successive de ses vaisseaux ; le soleil, pour la première fois depuis vingt-quatre heures, se montrant dans des flots de brillante lumière d’été, comme en honneur de cette cérémonie.

Le premier vaisseau qui s’approcha du Plantagenet fut, comme de raison, le Carnatique, puisqu’il était son matelot de l’arrière. Ce vaisseau remarquable, comme l’avait dit le vice-amiral, pour se maintenir toujours bien à son poste, ne tarda pas à approcher, quoique, en lofant pour passer au vent du vaisseau amiral, il eût largué partout ses boulines, afin de relinguer les voiles et d’amortir son aire. Cette manœuvre très-simple, jointe à ce qu’il redressa sa barre, le porta à environ trente brasses au vent du Plantagenet, le long duquel il défila majestueusement, quoique lentement ; le temps permettant alors d’avoir, sans grands efforts, une conversation à cette distance en se servant du porte-voix.

La plupart des officiers du Carnatique étaient sur la dunette quand il arriva lentement, jetant sa grande ombre sur le pont du Plantagenet. Le capitaine Parker était debout près du plat-bord, la tête découverte, et ses cheveux gris flottant au gré du vent. La physionomie de ce brave et simple vétéran montrait quelque inquié-