Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/393

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les Français quatorze cent douze. La perte de ceux-ci aurait probablement été encore plus grande, sans la manœuvre habile de M. Després qui avait placé ses ennemis entre deux feux.

Il est inutile de parler des détails de ce combat qui n’ont pas été complètement rapportés. M. Després avait manœuvré comme on l’a vu, au commencement de l’affaire, dans l’espoir d’engager sir Gervais à attaquer la division du comte de Vervillin, et dès qu’il avait vu les vaisseaux français enveloppés de fumée, il avait rapidement viré vent arrière, et les avait attaqués comme nous l’avons rapporté. La loyauté, le dévouement de Bluewater à la cause des Stuarts ne purent résister à ce spectacle. Faisant le signal général de serrer l’ennemi au feu, il brassa carré, fit toute la voile possible, et arriva à temps pour sauver son ami. Ses autres vaisseaux le suivirent et attaquèrent les Français par bâbord, faute d’espace pour imiter le contre-amiral.

Deux autres vaisseaux français au moins, indépendamment du Pluton et du Téméraire, auraient pu être ajoutés à la liste des prises, si la situation de leur escadre eût été bien connue de leurs ennemis. Mais, en de pareils moments, un vaisseau voit et sent ses propres avaries et ne peut connaître que par conjecture celles de son ennemi ; et les Anglais étaient trop occupés à prendre les moyens de conserver les mâts qui leur restaient, pour s’exposer à de grands risques dans l’espoir de remporter des avantages encore plus considérables que ceux qu’ils avaient déjà obtenus. Plusieurs bordées, tirées à longue portée, furent échangées entre le Foudroyant et le Dublin, et l’Ajax, le Duguay-Trouin et l’Hector, avant que les deux premiers eussent réussi à tirer d’embarras lord Morganic ; mais elles n’amenèrent aucun résultat important et ne servirent qu’à occasionner de nouvelles avaries à quelques mâts déjà suffisamment avariés, et à tuer ou blesser quinze ou vingt hommes de plus. Dès que le vice-amiral vit quelles devaient être les suites de cet épisode, il fit un signal au capitaine O’Neil, commandant le Dublin, pour le rappeler, connaissant le caractère ardent de cet officier. On peut dire que l’exécution de cet ordre termina le combat.

Le lecteur se rappellera que le vent, lorsque l’engagement commença, était au nord ouest ; il avait été presque tué, comme disent les marins, par la canonnade, et il avait repris une faible partie de sa force, à mesure que les détonations de l’artillerie avaient diminué. Mais l’effet combiné de l’approche de midi et l’arrivée de nouveaux courants d’air pour remplacer le vide produit par le brûlement d’une si grande quantité de poudre, fut un changement soudain de vent, une forte brise venant de l’est s’étant fait sentir presque en un instant.