Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/419

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fois, dans un moment plus convenable, si les autorités ecclésiastiques y consentaient, ce qui n’était nullement vraisemblable.

M. Rotherham allégua le statut qui prononçait une amende, comme une excuse pour ne pas officier ; mais on comprit le véritable motif de son refus, et l’aumônier du Plantagenet, ministre plein de piété et qui jouissait d’une excellente réputation, fut choisi pour le remplacer. Bluewater avait demandé qu’on invitât à la cérémonie les capitaines des vaisseaux de l’escadre qui étaient dans la rade, et ce fut l’arrivée de ces braves marins et de l’aumônier qui annonça l’approche de l’heure fixée pour la célébration du mariage.

Nous n’avons pas dessein d’appuyer sur les détails d’une cérémonie dont la solennité avait quelque chose de si pénible. Ni Wycherly ni Mildred ne firent le moindre changement à leur costume habituel et la pauvre fille pleura depuis le moment où le service commença jusqu’à celui où, après avoir été serrée dans les bras de son oncle, elle sortit de la chambre avec mistress Dutton et Wycherly. Cette scène avait répandu une tristesse générale sur tous ceux qui en avaient été témoins ; mais elle semblait avoir ranimé Bluewater, et elle soulagea considérablement son esprit.

— Me voici maintenant prêt à mourir, Messieurs, dit-il après le le départ des nouveaux mariés. Ma dernière affaire en ce monde est à présent terminée, et ce que j’ai de mieux à faire est de tourner toutes mes pensées vers un autre état de choses. Ma nièce, lady Wychecombe, héritera du peu que j’ai à laisser, et je ne vois pas qu’il soit bien important de faire reconnaître légalement les preuves de sa naissance, puisque son grand-oncle en mourant a laissé à sa tante la duchesse ce qui aurait dû appartenir à sa mère. Au surplus, si la déclaration, faite sur mon lit de mort, que je la reconnais pour ma nièce, peut être de quelque utilité, vous l’entendez, Messieurs, et vous pourrez le certifier. Maintenant venez me faire vos adieux l’un après l’autre, afin que je puisse vous remercier tour à tour de votre affection pour un homme qui, je le crains, la méritait si peu.

La scène qui suivit fut aussi triste que solennelle. Tous les capitaines s’approchèrent successivement du lit du mourant, et il trouva quelque chose d’affectueux et d’obligeant à dire à chacun d’eux. Le cœur le moins susceptible de ressentir l’impression du chagrin ne put s’en défendre en ce moment, et O’Neil, connu pour conserver sa gaieté de cœur même dans le plus fort d’un combat, versa des larmes en lui baisant la main.

— Ah ! mon vieil ami, dit le contre-amiral quand Parker, capitaine du Carnatique, s’approcha de lui avec son air de douceur et de timi-