Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/433

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un ouragan, et le capitaine Drinkwater fut noyé avec la moitié de son équipage. L’York rendit encore de bons services avant d’arriver à sa fin ; mais il reçut de si fortes avaries dans une action générale, qu’on fut obligé de l’abandonner et d’y mettre le feu. Dans la première croisière qu’il fit après cet événement, son capitaine tomba à la mer et se noya. L’Élisabeth pourrit dans le Medway, comme vaisseau de garde, et le capitaine Blakely se retira du service avec un bras de moins et le titre de contre-amiral. Le Dublin laissa ses os dans l’anse de Cork, ayant été condamné après avoir passé un hiver très-rigoureux sur les côtes du Nord ; et le capitaine O’Neill fut tué en duel, après la paix, par un officier français qui avait dit qu’il avait pris la fuite avec son vaisseau devant deux frégates commandées par le Chevalier. La Chloé fut prise par une escadre ennemie dans la guerre suivante ; mais le capitaine Denham fit son chemin jusqu’à hisser un pavillon blanc à son grand mât, et à obtenir une pairie. Le Druide fit naufrage ce même été en courant sur la terre dans une chasse près de Bordeaux, et Blewet ne regagna jamais dans sa profession le terrain qu’il avait perdu en cette occasion. Quant aux sloops et aux cutters, ils devinrent ce que deviennent tous les petits croiseurs, et leurs commandants inconnus partagèrent le sort ordinaire des marins.

Wycherly resta à Wychecombe-Hall jusqu’après l’enterrement de son oncle, où il figura comme son plus proche parent, à l’aide de l’influence de sir Reginald et de la connaissance qu’avait celui-ci des intrigues de Tom. L’affaire de la succession ne lui donna pas beaucoup d’embarras. Tom ayant découvert que l’illégitimité de sa naissance était connue, et voyant qu’il serait inutile d’entrer en contestation avec un antagoniste comme sir Reginald, qui connaissait les faits aussi bien que les lois, renonça à toutes ses prétentions au domaine et au titre. À compter de ce moment, personne n’entendit plus parler des legs qu’il avait promis de payer. Il reçut les vingt mille livres qui étaient placées dans les fonds publics, et le peu de mobilier dont le défunt avait le droit de disposer ; mais il n’en jouit pas longtemps, car il mourut en quelques semaines d’une fièvre maligne, dans le cours de l’automne suivant. N’ayant pas fait de testament, sa succession tomba en déshérence ; mais la libéralité du gouvernement la rendit à ses deux frères, par considération pour les les longs services du baron Wychecombe. On se rappellera qu’ils étaient les seuls qui eussent dans leurs veines le sang de cette famille : c’était disposer des économies faites par le baronnet et le juge d’une manière conforme aux règles de la justice morale.