Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/9

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LES
DEUX AMIRAUX



CHAPITRE PREMIER.


— En ce cas, s’il était fils de mon frère, mon frère ne pouvait le réclamer et votre père, quoiqu’il ne fût pas le sien, ne pouvait le désavouer. Cela est concluant. — Le fils de ma mère donna le jour à l’héritier de votre père ; l’héritier de votre père doit en avoir les terres.
ShakspeareLe roi Jean



Les événements que nous allons rapporter sont arrivés vers le milieu du dernier siècle, antérieurement à cette lutte qu’il est à la mode d’appeler, en Amérique, — l’ancienne guerre contre la France. — La scène qui ouvrira notre histoire doit pourtant se chercher dans l’autre hémisphère, et sur la côte de la mère-patrie. Au milieu du xviiie siècle, les colonies américaines étaient des modèles de loyauté. La guerre à laquelle il vient d’être fait allusion avait été cause des dépenses considérables qui avaient porté le ministère anglais à avoir recours au système de taxes qui amena la révolution. La querelle de famille n’était pas encore commencée. Entièrement occupés d’une guerre qui ne se termina pas plus glorieusement pour les armes britanniques qu’avantageusement pour les possessions anglaises en Amérique, les habitants des colonies n’avaient peut-être jamais été plus favorablement disposés à l’égard de la métropole qu’à l’instant où notre histoire va commencer. Toutes leurs anciennes prédilections, bien loin de s’affaiblir, semblaient prendre de la force, et, de même que dans la nature on sait que le calme succède à la tempête, l’attachement aveugle des colonies à la métropole n’était que le précurseur du mécontentement et de la désunion violente qui devait bientôt avoir lieu.