Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 21, 1844.djvu/239

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dréa les questions d’usage sur son nom, son âge, sa profession, etc., après quoi il passa à des objets plus importants.

— Signor vice-gouverneur, demanda-t-il, connaissez-vous le prisonnier de vue ?

Si, Signor. J’ai eu l’honneur de le recevoir chez moi dans l’île d’Elbe.

— Sous quel nom et dans quelles circonstances l’avez-vous connu ?

— Il prenait le nom de sir Smit, et se disait capitaine au service du roi d’Angleterre.

— Quel bâtiment prétendait-il commander ?

Le Ving-y-Ving, un lougre ; mais j’ai eu ensuite lieu de croire que c’était le Fiou-Folly, corsaire sous pavillon français. Monsieur m’a honoré de deux visites à Porto-Ferrajo, sous le nom de sir Smit.

— Et vous savez à présent qu’il se nomme Raoul Yvard, et qu’il est capitaine du corsaire français dont vous venez de parler !

— Si je le sais ? — Hum ! — Je sais qu’on m’a dit que sir Smit est Raoul Yvard, et que le Ving-y-Ving est le Fiou-Folly.

— Un on dit ne peut nous suffire, signor Barrofaldi. Ne pouvez-vous vous l’assurer personnellement ?

— Non, Signor.

La séance fut suspendue un instant. On envoya chercher Vito Viti, et on lui fit prêter serment sur la Bible, son attention étant particulièrement dirigée sur la croix figurée sur la reliure.

— Signor Viti, demanda le procureur du roi après les questions préliminaires, avez-vous jamais vu le prisonnier avant ce moment-ci ?

— Oui, Signor, et plus souvent qu’il ne m’est agréable de m’en souvenir. Je ne crois pas que deux graves magistrats aient jamais été plus complètement pris pour dupes que nous ne l’avons été, le vice-gouverneur et moi. Mais les hommes les plus sages deviennent quelquefois comme des enfants à la mamelle, quand un brouillard couvre leur intelligence.

— Dites à la cour dans quelles circonstances cela est arrivé, signor podestat.

— Voici précisément quels sont les faits, Signor. Andréa Barrofaldi est, comme vous le savez, vice-gouverneur de l’île d’Elbe, et moi je suis podestat indigne de Porto-Ferrajo. Comme de raison, il est de notre devoir de veiller à tout ce qui concerne l’ordre public, et plus particulièrement de nous informer des motifs et affaires qui amènent