Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/133

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inquiète sur mon compte. À qui mes derniers adieux en m’éloignant pouvaient-ils mieux s’adresser qu’à cette amie constante et dévouée ? Car, du moins, je pouvais appeler ainsi Lucie, et c’était comme la planche à laquelle le matelot s’attache dans le naufrage. La quatrième lettre était signée de Jacques Wallingford, et datée d’Albany. Il s’était arrêté un moment dans cette ville en retournant chez lui, et il m’avait écrit quelques lignes pour m’en informer. Au surplus, voici sa lettre :


« Cher Miles,

« Je suis ici, et je suis fâché de voir par les journaux que vous êtes encore . Faites attention, mon camarade, que les sucres se fondront. Il est grand temps de partir. Ce que je dis, c’est pour vous, et non pour moi, car vous savez que j’ai de bonnes garanties. Mais les prix peuvent ne pas se soutenir ; et celui qui arrive le premier est en position d’attendre une hausse, tandis que le dernier venu est obligé de se contenter de ce qui lui est offert.

Surtout, Miles, n’allez pas vous mettre dans la tête de changer en rien votre testament. Les choses sont maintenant arrangées entre nous exactement comme elles doivent l’être, et je hais les changements. Je suis votre héritier, et vous êtes le mien. Votre conseil, Richard Harrison, est un des hommes les plus respectables que je connaisse ; il a toujours eu toute ma confiance, et notre secret ne pouvait être déposé en mains plus sûres.

Adieu, mon garçon ; nous sommes les deux derniers représentants des Wallingford. Que Clawbonny appartienne à l’un ou à l’autre de nous, peu importe. Mais il ne faut pas qu’il soit jamais à aucun autre.

Votre affectionné cousin,
« Jacques Wallingford. »


J’avoue que toute cette sollicitude au sujet de Clawbonny commençait à me peser, et que je regrettais un peu ma précipitation. C’était bien assez d’être patron et armateur, sans avoir voulu encore faire le négociant.

Pendant que le pilote dirigeait l’Aurore dans sa sortie de la baie, je m’occupai de ma correspondance. Je répondis à tout le monde, même au secrétaire d’état, qui, en ce moment, n’était rien moins