bâtiments chargés pour Liverpool. Si nous pouvions doubler ce port, nous aurions grande chance de ramasser en chemin une demi-douzaine d’Irlandais.
CHAPITRE XX.
ous ne pouvions guère prévoir les événements qui nous attendaient
encore. Le vent se maintint au nord-ouest jusqu’au moment
où nous étions à vingt milles des côtes du pays de Galles ; alors il
passa au sud. Nous étions si près de Liverpool, que je m’attendais
à chaque instant à rencontrer des compatriotes ; mais mon
espoir fut déçu. Le même temps dura pendant deux jours et deux
nuits, et nous étions parvenus à la hauteur de Whitehaven, quand
le vent se rangea vivement de l’avant, et je prévis que nous pourrions
bien être repoussés dans l’Atlantique, si nous ne nous hâtions
de jeter l’ancre. Je résolus de choisir pour cela quelque point de la
côte d’Irlande, dans l’espoir de prendre à bord quelques enfants de
saint Patrick. Sans doute les Irlandais n’étaient pas d’excellents
marins, mais dans notre position nous n’avions pas le droit de nous
montrer bien difficiles.
Nous approchions de la côte, quand, à ma grande joie, j’aperçus au large un bateau pêcheur d’une grande dimension. Répondant à nos signaux, il vint bord à bord, et nous entrâmes en pourparler avec un des pêcheurs, qui se nommait Térence O’ je ne sais plus quoi. La figure de cet homme avait cette expression mélangée de finesse, de malice et de balourdise qui caractérise souvent le paysan irlandais.
— Une belle matinée, Votre Honneur, commença-t-il avec un flegme que rien ne pouvait troubler, quoique le temps fût loin d’être celui qu’un marin eût choisi ; — une belle matinée. Votre