Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/91

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longues pauses pour regarder avec étonnement la scène d’activité et de bruit que présentait le rocher. Il fut alors obligé de se joindre aux autres, avec les quelques hommes qui étaient restés sous sa direction.

Pendant que se creusait le fossé, on avait préparé les palissades. Les jeunes arbres avaient été coupés à une longueur de vingt pieds et taillés d’un côté en pointe. Des mortaises destinées à recevoir les traverses, furent disposées à des distances convenables, et l’on fit des trous pour les chevilles ; cette préparation faite, les charpentes furent enclavées dans le fossé, aux endroits les plus élevés, ensuite on posa les traverses. La pente fut alors élevée en ligne droite, et les barricades solidement enfoncées. Ces derniers travaux exigeaient du soin et du jugement ; aussi furent-ils confiés spécialement à la direction du prudent Jamie, le major ayant découvert que les Yankees étaient trop impatients pour bien faire. Le sergent Joyce s’entendait particulièrement à l’arrangement des barricades, et donnait au travail général un air tout à fait militaire.

— Mieux vaut l’ouvrage bien guidé que l’ouvrage précipité, dit l’Écossais, tout en dirigeant les travailleurs. Les choses sont bien faites avec moins de bruit et de confusion. Placez les charpentes plus perpendiculairement, braves gens.

— Oui-dà, arrangez-les aussi, mes gars, ajouta le vénérable ex-sergent.

— Voilà de singulières plantations, dit Joël, et il en viendra de singuliers grains. Pensiez-vous que ces jeunes châtaigniers ne grandiraient jamais ?

— Maintenant, Joël, ce n’est pas pour accroître que nous travaillons, mais pour préserver l’accroissement humain que nous avons, pour empêcher les barbares du désert de tondre nos têtes avant que la faux du temps ne nous ait recueillis pour la moisson de l’éternité. Ces sauvages sont à redouter partout où ils ne trouvent pas des forts ou des barricades pour les arrêter.

— Je ne critique pas tout, Jamie, quoique, à mon avis, il eût mieux valu faire des plantations qui eussent servi au bétail pendant les mois de l’hiver. Je puis voir juste dans certaines choses et mal dans d’autres.

— Vous voyez mal en cela, heureusement pour nous, monsieur Sthroddle, s’écria Mike du fond de la tranchée, où il se servait