Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/145

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mais d’autres jeunes gens pourraient chercher à s’y introduire dans des vues plus intéressées.

— Est-ce à dire, monsieur Bulstrode, que miss Mordaunt est votre fiancée ?

— Oh ! non, car elle ne m’a pas encore accepté. Ce qui est vrai, c’est qu’avec le consentement de mon père, j’ai demandé à Herman Mordaunt la main de sa fille, et que l’affaire est en bon train. Finira-t-elle comme je le désire ? c’est ce que vous pouvez savoir tout aussi bien et mieux que moi, car, simple spectateur, vous êtes beaucoup mieux à même d’apprécier les sentiments d’Anneke, que moi, partie intéressée.

— Vous oubliez qu’avant ce matin il y avait dix mois que je ne vous avais vus ensemble ; et vous ne voudriez pas sans doute me laisser croire que vous avez attendu tout ce temps-là une réponse.

— Comme je vous regarde comme un ami de la famille, Corny, je ne vois pas pourquoi je ne vous exposerais pas franchement où en sont les choses ; car, depuis cette affaire du lion, vous êtes presque un Mordaunt vous-même. Quand vous me vîtes pour la première fois, j’avais déjà fait une déclaration, et l’on m’avait répondu, ce que commencent toujours par répondre toutes les jeunes personnes, — qu’on était trop jeune pour songer à se marier, — ce qui, par parenthèse, devient moins vrai de jour en jour ; que j’avais en Angleterre des parents que je devais consulter avant tout ; qu’on demandait du temps ; qu’autrement la réponse serait non ; enfin, tout ce qu’on dit en pareil cas, dans les préliminaires d’une négociation.

— Et vous en êtes toujours là ?

— En aucune façon, mon cher. J’écoutai Herman Mordaunt, car ce fut lui qui, de l’autre côté, tint le dé de la conversation, je l’écoutai avec la patience d’un saint, je tombai d’accord de tout ce qu’il dit, je déclarai l’intention où j’étais d’écrire à mon père, et alors de renouveler l’attaque quand je serais muni de son consentement.

— Et ce consentement vous arriva par le retour du bâtiment ? repris-je, ne pouvant m’imaginer qu’on pût hésiter à agréer Anneke Mordaunt pour belle-fille.