Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/253

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sous la direction de M. Traverse, des notes sur les diverses qualités des terres. Guert ne faisait guère autre chose que pêcher et chasser, et il nous fournissait des truites, des pigeons, des écureuils, le menu gibier que la saison pouvait offrir, et même quelquefois quelques animaux qui pouvaient presque passer pour de la venaison. Les chasseurs en titre apportaient leur contingent, et notre table était assez bien garnie, d’autant plus que les truites étaient très-abondantes. Jaap et Peter étaient chargés de tous les détails de la cuisine, quoique le premier eût rempli beaucoup mieux les fonctions de forestier. Les deux Indiens ne firent guère, pendant les premiers quinze jours, qu’aller et venir entre Ravensnest et Mooseridge, portant des messages et servant de guides aux chasseurs qui allèrent une ou deux fois, dans cet intervalle de temps, nous chercher de la farine, des épices et d’autres provisions qui commençaient à nous manquer ; aucune sollicitation ne pouvant décider les Indiens à porter rien qui eût l’apparence d’un fardeau.

Les arpenteurs ne revenaient pas toujours passer la nuit à la hutte. Ils campaient où ils se trouvaient quand leur besogne les appelait trop loin. En choisissant l’emplacement du quartier général, M. Traverse avait consulté surtout la proximité de Ravensnest. C’était un point assez central du domaine, à ne considérer que la ligne du nord au sud ; mais il était situé presque sur la lisière occidentale de la propriété. Lorsque M. Traverse s’enfonçait dans l’est, il lui eût été impossible de revenir chaque soir ; mais ses absences ne duraient jamais plus de trois jours. Il emportait alors des provisions qu’il renouvelait dès qu’il se rapprochait de nous.

Nous observions tous strictement le dimanche comme jour de repos ; devoir auquel ne manque que trop souvent l’habitant des forêts comme le navigateur sur l’Océan, qui oublie que le créateur est partout prêt à recevoir l’hommage de ses créatures en échange de ses bienfaits sans bornes.

Lorsque le Sauteur ou Sans-Traces revenaient de leurs excursions chez nos voisins, nous attendions avec impatience la lettre dont ils ne manquaient jamais d’être porteurs. Cette lettre était parfois d’Herman Mordaunt lui-même, mais plus souvent elle