Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/377

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près de sa famille ; et, le lendemain, je débarquais à New-York où mon oncle et ma tante Legge furent ravis de me voir. Dès qu’on sut la part que j’avais prise à l’expédition dans le Nord, je devins l’objet de la curiosité générale, et ce fut à qui me fêterait. Mais j’étais impatient de revoir Satanstoé, et je partis à cheval. Je n’entreprendrai pas de cacher ma faiblesse. Lorsque je m’arrêtai, comme d’habitude, à Kingsbridge pour dîner, pendant que l’hôtesse mettait la table, je gravis la hauteur pour découvrir de loin Lilacsbush. La jolie maison était toujours là, au pied de la colline, au milieu de charmants bosquets ; mais la maîtresse était absente, et le plaisir que me causait cette vue était mêlé de regrets.

— J’apprends que vous avez été dans le Nord, monsieur Littlepage, me dit la bonne mistress Léger, pendant que je faisais honneur au repas qu’elle m’avait préparé ; dites-moi, je vous prie : avez-vous vu nos respectables voisins, M. Mordaunt et sa charmante fille ?

— Oui, mistress Léger, et dans les circonstances les plus critiques. Les terres de mon père, dans cette partie de la province, sont près de la propriété d’Herman Mordaunt, et j’y ai passé quelque temps. Vous n’avez pas eu récemment des nouvelles de sa famille ?

— Non, si ce n’est pourtant la nouvelle que miss Anneke ne doit plus nous revenir.

— Anneke ! et pourquoi donc, au nom du ciel ?

— Du moins comme miss Anneke, puisqu’elle va devenir lady Anneke. N’y a-t-il pas un général Bulstrom, ou quelque officier supérieur de ce nom, qui lui fait la cour ?

— Ah ! je commence à comprendre. Eh bien, que dit-on de ce général ?

— On dit qu’ils vont se marier le mois prochain ; quelques-uns même prétendent que la chose est déjà faite, et que le père donne Lilacsbush et quatre bonnes mille livres par-dessus le marché, pour acheter un si grand honneur. Moi, je dis aux voisins que c’est beaucoup trop, et que miss Anneke vaut bien, par son seul mérite, tous les lords d’Angleterre.

Les voisins, toujours les voisins ! Voilà pourtant comme ils fa-