— En questionnant à droite et à gauche.
Et Jason commença alors une série de manœuvres plus ou moins adroites pour nous décider à le conduire avec nous. Je cherchais à esquiver la proposition le plus honnêtement possible, lorsque Herman Mordaunt, qui était venu à cheval à notre rencontre, le voyant avec nous, lui témoigna l’espoir de recevoir aussi sa visite, proposition que Jason n’eut garde de refuser.
- Heder.
ous avions encore deux milles à faire lorsque Herman Mordaunt
nous rejoignit. Il nous fit traverser un petit bois, et nous
nous trouvâmes bientôt sur une hauteur d’où l’œil plonge sur
l’Hudson dans une étendue de près de quarante milles. Sur la
rive opposée s’élevait comme un mur la barrière des Palissades,
à une hauteur de plusieurs centaines de pieds. Pas un souffle ne
ridait la surface de ce beau fleuve qui, dans cet endroit, a au
moins trois quarts de mille de largeur ; c’était une seule et immense
nappe d’eau qui étincelait aux rayons du soleil. Jamais
matinée ne me parut plus belle ; tout semblait en harmonie avec
la grandeur calme mais sublime du paysage, et avec les trésors
que la nature s’était plu à prodiguer. Les arbres étaient couverts
de cette première verdure qui a tant de fraîcheur ; les oiseaux
construisaient leurs nids presque sur chaque branche ; les fleurs
sauvages naissaient en quelque sorte sous les pas de nos chevaux,
et tout, autour de nous, semblait chanter un hymne de bonheur
et d’amour.
— C’est une de mes promenades favorites du matin, dit Her-