Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/83

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— En questionnant à droite et à gauche.

Et Jason commença alors une série de manœuvres plus ou moins adroites pour nous décider à le conduire avec nous. Je cherchais à esquiver la proposition le plus honnêtement possible, lorsque Herman Mordaunt, qui était venu à cheval à notre rencontre, le voyant avec nous, lui témoigna l’espoir de recevoir aussi sa visite, proposition que Jason n’eut garde de refuser.


CHAPITRE IX.


Quand l’Amour agite pour la première fois son flambeau à nos yeux, que sa clarté nous semble brillante ! Pourquoi si souvent nos yeux, en le regardant ensuite, sont-ils obscurcis par les larmes ?
Heder



Nous avions encore deux milles à faire lorsque Herman Mordaunt nous rejoignit. Il nous fit traverser un petit bois, et nous nous trouvâmes bientôt sur une hauteur d’où l’œil plonge sur l’Hudson dans une étendue de près de quarante milles. Sur la rive opposée s’élevait comme un mur la barrière des Palissades, à une hauteur de plusieurs centaines de pieds. Pas un souffle ne ridait la surface de ce beau fleuve qui, dans cet endroit, a au moins trois quarts de mille de largeur ; c’était une seule et immense nappe d’eau qui étincelait aux rayons du soleil. Jamais matinée ne me parut plus belle ; tout semblait en harmonie avec la grandeur calme mais sublime du paysage, et avec les trésors que la nature s’était plu à prodiguer. Les arbres étaient couverts de cette première verdure qui a tant de fraîcheur ; les oiseaux construisaient leurs nids presque sur chaque branche ; les fleurs sauvages naissaient en quelque sorte sous les pas de nos chevaux, et tout, autour de nous, semblait chanter un hymne de bonheur et d’amour.

— C’est une de mes promenades favorites du matin, dit Her-