Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/112

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ni racines. Cependant le bâtiment avait quelque chose de l’aspect d’une prison, en ce qu’il ne s’y trouvait aucune fenêtre extérieure, ni d’autre issue qu’une seule porte.

Avant d’entrer, nous nous arrêtâmes un moment pour regarder la campagne. Quelqu’un sortit, dans ce moment, de la maison, et Susquesus se trouva à côté de moi. À peine était-il arrivé que le son de cette même voix, pleine et harmonieuse, que j’avais entendue sortir d’un petit bois de pins, se fit entendre tout à coup, chantant des paroles indiennes sur une mélodie composée évidemment dans un pays civilisé. Dès lors j’oubliai mes prairies et mes vergers, Susquesus et le porte-chaîne, et je ne pensai à rien qu’à ce phénomène d’une Indienne paraissant connaître aussi parfaitement notre musique. Susquesus ne semblait pas moins ravi, et il ne fit pas un mouvement que l’air ne fût terminé. Le vieil André sourit, attendit la fin de la chanson, prononça le nom d’Ursule avec une sorte d’orgueil, et me fit signe de le suivre dans la maison.


CHAPITRE XI.


Ce sera la faute de la musique, cousine, si l’un ne tombe pas amoureux de vous avec le temps. Si le prince est trop pressant, dites-lui qu’il y a temps pour tout, et éludez la réponse par un rigodon.
Beatrice


Ursule ! répétai-je tout bas. Quoi ! ce n’est pas une Indienne ; c’est Ursule, l’Ursule du porte-chaîne, l’Ursule de Priscilla Bayard ; le roitelet de Susquesus !

André m’entendit sans doute ; car il s’arrêta dans la cour et me dit :

— Oui, c’est Ursule, ma nièce. L’enfant est comme l’oiseau moqueur ; elle retient les airs de toutes les langues et de tous les peuples. Quand elle chante une de nos romances hollandaises, Mordaunt, elle m’attendrit jusqu’au fond du cœur ; et