Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/248

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poutre qui faisait saillie, je me trouvai bientôt huché sur le moulin. À peine restai-je en vue quelques secondes. Aucun cri ne fut poussé. Pour le coup j’avais quelques chances d’opérer mon évasion, et je sentis quelques lueurs d’espérance se glisser dans mon cœur.


CHAPITRE XXIII.


Seuls, au milieu des ombrages, ils vivaient de la vie des champs et parlaient le langage du cœur ; ou bien ils soupiraient, et leurs regards disaient ce que leur bouche était impuissante à exprimer.
Thompson.


Ma situation, pour n’être pas tout à fait désespérée, n’en était pas moins critique. L’anxiété avec laquelle j’écoutais le moindre son qui eût pu indiquer que j’étais découvert, était vraiment pénible. Je crus un moment que j’entendais crier. Je me sentis perdu, et il me semblait même qu’on approchait du moulin pour me saisir. Le bruit des pas retentissait déjà à mes oreilles. C’était l’effet de mon imagination malade. Le seul bruit qui troublât le calme de la nature était celui des eaux qui se précipitaient au-dessous de moi. J’eus le temps de respirer et de me reconnaître.

On pense bien que le moulin était d’une construction grossière. Ce qu’on appelait le comble ne consistait qu’en quelques planches de rebut jetées çà et là sur les poutres, de manière à former une espèce de plancher ; et mon premier soin fut de rapprocher plusieurs de ces planches et d’en placer deux ou trois les unes sur les autres, de manière à me former une espèce d’abri qui me dérobât à la vue de ceux qui pourraient entrer dans le moulin. Tout en prenant ces dispositions, j’eus soin de faire le moins de dérangement possible, afin d’éviter tout ce qui aurait pu attirer l’attention.

À peine avais-je terminé mes arrangements à ma satisfaction,