Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/283

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blessé, s’élevèrent au milieu de cette réunion grossière ; mais la voix retentissante de Mille-Acres domina le tumulte.

— Prenez garde, porte-chaîne, ne nous poussez pas à bout ! La patience a un terme !

— Je n’ai besoin ni de vous, ni des vôtres, Mille-Acres, répondit paisiblement le vieillard en passant un bras autour de la taille d’Ursule qui se serrait contre lui, les joues en feu, et le regard brillant d’une ardeur qui indiquait qu’elle était toute prête à seconder les efforts de son oncle. — Vous ne m’êtes rien, et je vous laisse ici à vos méchantes actions, et à vos mauvaises pensées. Arrière, je vous l’ordonne ! n’entreprenez pas d’arrêter un frère qui veut sauver la fille de sa sœur. Arrière, vous dis-je ; car je ne veux pas rester ici plus longtemps. Dans une heure ou deux, misérable, vous comprendrez toute la folie de votre conduite, et vous en serez au regret de n’avoir pas vécu en honnête homme.

Dans ce moment le tumulte devint tel qu’il était impossible de distinguer aucune parole. Mille-Acres beuglait comme un taureau enragé, et bientôt sa voix devint rauque à force de proférer des menaces et des malédictions. Tous les jeunes squatters semblaient violemment agités, et ils se portèrent du côté de la porte ; tandis que le porte-chaîne, tenant Ursule étroitement embrassée, s’avançait lentement du même côté, faisant signe à la foule de lui ouvrir un passage, avec un air d’autorité dont je commençai à bien augurer. Au milieu de cette scène de confusion, un coup de feu partit, et je vis tomber le vieil André Coejemans.