extraordinaire que cause mon retour ? êtes-vous la fiancée de M. Thomas, et n’attendez-vous que mon arrivée pour lui accorder votre main ?
— Mon frère, me répondit Catherine d’un ton ferme, je ne puis me charger d’expliquer tous les commérages de mistress Léger. C’est par les domestiques qu’elle recueille ses nouvelles, et vous jugez de ce qu’elle peut apprendre par une pareille source. Mais supposer que j’eusse attendu votre retour pour vous annoncer un semblable événement, c’est bien mal connaître l’affection que je vous porte.
Ces paroles furent prononcées avec une sensibilité qui me toucha. Je remerciai Catherine par un regard expressif ; mais je ne pus parler ; et ce ne fut qu’au bout de quelque temps que j’essayai de reprendre la conversation sur le même ton :
— C’est un sujet sur lequel j’ai la confiance que nous nous entendrons toujours, ma chère petite Kate. Mariée ou non, vous serez toujours ma sœur chérie, et j’avoue que je serais blessé d’être l’un des derniers à apprendre la grande nouvelle, quand elle existera. Mais parlons de Priscilla. Pensez-vous qu’elle me plaise ?
— Oh ! du moins, combien je le désire ! Ce sera l’un des plus heureux moments de ma vie que celui où vous m’avouerez que vous l’aimez !
Catherine parlait avec chaleur, et de manière à montrer que la chose était sérieuse pour elle. En rapprochant cette circonstance des remarques de l’hôtesse, je commençais à soupçonner qu’il pourrait bien y avoir quelque mystère que j’avais intérêt à percer. Pour m’éclairer, il fallait prolonger l’entretien sur le même sujet. Ce fut ce que je fis.
— Quel âge a miss Bayard ? demandai-je.
— Deux mois de plus que moi. Âge très-bien assorti, n’est-ce pas ?
— Très-bien, assurément. Et elle est aimable ?
— Tout le portrait d’Anneke.
C’était beaucoup dire ; car notre sœur aînée était, à nos yeux, l’idéal de la perfection, et, en effet, rien n’égalait la sérénité de son caractère.