Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/34

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personne accomplie, Kate, puisque, après tout, il faudra bien finir par là ?

— Je n’ai pas dit que Thomas Bayard fût un prodige. C’est un bon garçon ; voilà tout.

— Et en même temps un joli garçon, sans doute ?

— Il est loin d’être aussi bien que vous, si cela peut flatter votre vanité.

— Infiniment, lorsque surtout le compliment sort d’une pareille bouche. Mais vous n’avez pas encore répondu à ma question ?

— S’il faut tout vous dire, je crois que nous trouverons le frère et la sœur chez ma grand-mère. Elle m’a écrit hier qu’elle les avait invités à dîner, et qu’ils avaient accepté.

— Comment donc ? ma grand’mère est donc aussi du complot, et elle veut me marier, bon gré, mal gré ? Moi, qui croyais avoir pris l’initiative en annonçant que j’irais la voir !

Catherine partit d’un nouvel éclat de rire, et convint que j’avais favorisé, sans m’en douter, un projet déjà formé d’avance. Nous n’étions qu’à un mille de la porte de Satanstoe, quand je rencontrai Jaap qui revenait de Lilacsbush, où il avait été envoyé en courrier, et qui rapportait un panier de fruits pour ma mère. Catherine venait de m’apprendre que nous avions reçu une invitation dans toutes les règles, et je ne concevais plus trop où avait été la nécessité d’expédier un messager avant nous. Mais je gardai ma remarque pour moi, me promettant de faire mes observations et de juger par moi-même.

— Eh bien ! Jaap, demandai-je au nègre, comment avez-vous trouvé Satanstoe, après une si longue absence ?

— Pas si bien, maître, que vieille maîtresse qui a toujours une excellente mine, la bonne vieille dame ! Si vous saviez tous les changements qu’on a faits ! les jeunes nègres sont dans l’admiration. Mais savez-vous, maître, ce que j’ai entendu à la taverne, où je me suis arrêté un moment pour faire boire un coup à ma bête ?

— Et pour en boire un vous-même. — Continuez.

— Eh bien ! pendant que nous étions arrêtés, reprit Jaap sans