Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/346

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dans ses bonnes intentions. Croyez-moi, mon cher enfant, épousez Ursule Malbone.

Cette chère bonne maman ! j’ai suivi ses conseils, et je suis persuadé que jusqu’à son dernier jour elle a été heureuse de penser que c’était elle qui avait décidé cette union.

Le général Littlepage et le colonel Follock prolongèrent leur séjour pour visiter leurs propriétés, et revoir quelques sites qui avaient pour eux un grand intérêt. Ma mère et la tante Mary parurent aussi rester avec plaisir, car l’aspect des lieux rappelait des événements dont le souvenir n’était pas sans charmes. Pendant ce temps Frank était allé voir son cousin, et il revint que nous étions encore tous réunis. Pendant son absence, tout avait été préparé pour mon mariage avec sa sœur. Il eut lieu deux mois, jour pour jour, après les funérailles du porte-chaîne. Un ministre vint d’Albauy pour célébrer la cérémonie ; car aucun de nous n’appartenait à l’ordre des congrégationistes.

La noce se fit sans pompe et sans éclat ; mais le contentement des mariés se refléta sur tous ceux qui les entouraient. Ma mère ne pouvait se lasser d’embrasser Ursule, et j’eus la satisfaction de voir que sans effort, et par le seul ascendant du plus heureux naturel, ma petite femme se faisait aimer de plus en plus de toute ma famille.

— Jamais je n’aurais osé espérer un bonheur si complet ! me dit Ursule, un soir que nous nous promenions ensemble sur la pelouse, quelques minutes après qu’elle venait de s’arracher des bras de ma mère, qui l’avait embrassée et bénie comme sa fille bien aimée ; — avoir été choisie par vous, et me voir si complètement adoptée par vos parents ! Je n’avais jamais su jusqu’à ce moment ce que c’est que d’avoir une mère. Mon oncle le porte-chaîne, faisait pour moi tout ce qu’il pouvait, et je chérirai sa mémoire tant que je vivrai ; mais ce n’était pas la même chose. Que mon sort est digne d’envie, et que j’étais loin de le mériter ! Non-seulement vous me donnez un père et une mère pour lesquels je me sens portée de la même tendresse que si c’étaient ceux que la nature m’avait accordés, mais vous me donnez en même temps deux sœurs comme il n’en existe pas !

— Oui ; mais ajouter qu’il vous a fallu prendre en même temps