Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/5

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE PORTE-CHAÎNE.[1]



CHAPITRE PREMIER.


Il avait une tête solide, des membres d’Hercule ; une constitution de fer, en état de braver toutes les intempéries des saisons, sur laquelle n’avaient de prise ni la fatigue, ni les angoisses de la faim.
Rokeby.


Je suis fils de Cornelius Littlepage, de Satanstoe, dans le comté du West-Chester, État de New-York ; et d’Anneke Mordaunt, de Lilacsbush, domaine situé près de Kingsbridge, et qui, quoique à onze milles de la ville de New-York, fait partie des dépendances de la cité.

J’ai peu connu mes autres parents. J’étais encore très-jeune, lorsque mon aïeul maternel mourut en Angleterre, où il avait été voir un colonel Bulstrode qui lui-même avait habité les colonies, et pour qui Herman Mordaunt — c’était le nom de mon grand-père, — avait une prédilection toute particulière. J’ai souvent entendu dire à mon père qu’il était heureux peut-être, à un certain point de vue, que son beau-père fût mort à cette époque ; car il se fût sans doute rangé du côté de la couronne dans la querelle qui éclata presque immédiatement après, et tous ses biens auraient infailliblement partagé le sort de ceux des de

  1. Le Porte-Chaîne fait suite à Satanstoe, qui forme la première partie des Mémoires de la famille Littlepage. Dans le cours de cet ouvrage, il est souvent fait allusion à des événements qui sont racontés dans la première partie. Nous croyons suffisant d’en prévenir le lecteur une fois pour toutes. L’auteur a voulu tracer une esquisse des mœurs américaines à différentes époques. Dans Satanstoe, l’action commençait en 1755 ; dans le Porte-Chaîne. nous sommes transportés en 1784
    (Note de l’éditeur.)