Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/302

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— Il me suffit de savoir combien vous vous êtes donné de peine pour m’avertir du danger. Il est inutile pour moi de vous considérer sous un autre point de vue que sous celui d’une amie.

— Ah ! Hughes, que nous étions tous heureux et gais, il y a quelques années ! C’était avant que vos demoiselles Colebrooke ou Marston ou Mary Warren fussent dans le pays. Alors nous avions de la joie, et j’espère que ces beaux jours reviendront. Si mademoiselle Marthe voulait se tenir aux anciennes amies au lieu de courir après de nouvelles, Ravensnest serait encore ce qu’il était.

— Vous ne devez pas blâmer ma sœur de préférer les amies de son choix. N’oubliez pas qu’elle est de beaucoup plus jeune que nous, et se trouvait à peine, il y a six ans, en âge d’être notre compagne.

Opportunité ne put s’empêcher de rougir un peu, car elle ne s’était servie de Patt que comme d’un manteau pour diriger ses attaques sur moi, et elle savait aussi bien que moi que ma sœur avait bien sept ans de moins qu’elle. Ce sentiment, toutefois, ne fut que momentané, et elle revint au sujet véritable de sa visite.

— Que dois-je dire à ma mère, Hughes ? Vous relâcherez Sen, n’est-ce pas ?

Je réfléchis, pour la première fois, sur les difficultés de ma position mais j’éprouvais une forte répugnance à laisser échapper des incendiaires.

— Les faits doivent être bientôt connus par toute la ville, répliquai-je.

— Sans doute ; on les connaît même probablement déjà. Les nouvelles vont vite à Ravensnest, il faut en convenir.

— Eh bien, votre frère ne peut guère rester ici, après tout ce qui s’est passé.

— Mon Dieu ! comme vous parlez ! Si la loi veut le laisser tranquille, qui l’inquiéterait pour cela ? Il y a trop peu de temps que vous êtes de retour pour savoir que, dans ces jours d’anti-rentisme, on ne s’inquiète pas plus d’un incendie qu’on ne se serait inquiété autrefois d’une offense vénielle : l’anti-rentisme change toutes les dispositions.

Combien c’était matheureusement vrai Et nous avons parmi nous des jeunes gens qui ont passé de leur dixième à leur vingtième année dans une condition de société presque entièrement abandonnée à l’influence corruptrice des plus mauvaises passions. Il n’est