Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/310

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raient considérés comme riches à New-York, et à peine rencontre-t-on un grand propriétaire terrien. Les relations de propriétaire à tenancier, telles qu’elles existent dans ce que nous appelons de grands domaines, sont à peu près inconnues dans la Nouvelle-Angleterre, quoique le Maine offre quelques exceptions. Cette circonstance est due à l’origine particulière du peuple, et au fait de l’émigration qui a si longtemps enlevé la population surabondante, la masse de ceux qui restent pouvant alors posséder en toute propriété. Chez des hommes élevés dans un tel état de société, il y a une antipathie naturelle envers toute chose qui semble placer les autres dans des positions qu’il ne peuvent pas occuper eux-mêmes. Mais, outre que la population de New-York compte un tiers environ d’originaires de la Nouvelle-Angleterre, la proportion est plus grande encore parmi les avocats, les journalistes, les médecins et les politiques actifs. Nous songeons peu à ces circonstances, nous en parlons peu ; car aucune nation ne s’occupe moins que l’Amérique du principe de ses influences morales, de ce que je pourrais appeler sa statistique politique ; de là cependant naissent de graves conséquences.

— Devons-nous en conclure, Monsieur, que l’anti-rentisme est originaire de la Nouvelle-Angleterre ?

— Peut-être non. Son origine vient plus directement du diable, qui tente les tenanciers comme il a tenté notre sauveur. Le premier symptôme éclata parmi les descendants des Hollandais, parce qu’ils se trouvèrent être les tenanciers ; et quant aux théories qui ont été formulées, elles se ressentent plus de la réaction des abus américains que d’aucune idée américaine, et surtout que d’aucun principe de la Nouvelle-Angleterre, où il existe généralement un grand respect pour les droits de propriété et une vénération profonde pour la loi. Cependant, je persiste à croire que nous devons nos plus grands dangers aux opinions et aux habitudes des descendants de la Nouvelle-Angleterre qui se trouvent parmi nous.

— Ceci me semble un peu paradoxal, oncle Ro, et j’avoue que j’aimerais à l’entendre expliquer.

— Je vais m’efforcer de le faire et en aussi peu de mots que possible. Le véritable danger vient de ceux qui influencent la législation. Or, tu rencontreras parmi nous des hommes par centaines, qui sentent toute l’importance du respect des contrats, qui voient les dangers de l’anti-rentisme, qui désirent le voir répri-