Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/32

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qu’ils payassent encore leurs rentes. Cette dernière circonstance était attribuée par mon agent à ce que beaucoup de baux étaient sur le point d’expirer, et qu’il allait être en mon pouvoir de remplacer les fermiers actuels par des gens mieux disposés. Nous prîmes en conséquence nos mesures pour quitter Paris le plus tôt possible, de manière à nous trouver chez nous vers les derniers jours de mai.

— Si nous avions le temps, me dit mon oncle, un ou deux jours avant notre départ pour le Havre, j’adresserais, certainement une pétition à la législature. Je me sens un grand désir de protester contre les violences qu’on se propose de faire à mes droits d’homme libre dans les nouvelles lois qui sont sur le tapis. Je ne me fais pas à l’idée d’être privé du droit de louer ma ferme pour une durée aussi longue qu’il me convient, ce qui est un des projets de notre réformation de New-York. Dans quelles folies vraiment se précipitent les hommes lorsqu’ils se font exagérés soit en politique, soit en religion, soit même dans les modes ! Voici d’exquis philanthropes qui voient une violation des droits de l’humanité dans le bail trop long d’une ferme, et qui sont en même temps les partisans exclusifs de la liberté illimitée du commerce ! Il y a des journaux libre-échangistes qui regardent comme un grand progrès d’empêcher le propriétaire et le fermier de faire entre eux le marché qui leur convient, et qui se révoltent de ce qu’on ait établi des tarifs pour les fiacres : pour sauver le principe de la liberté du commerce il vaut mieux, selon eux, que les contractants restent exposés à la pluie, à débattre le prix de la course ou de l’heure.

— La puissance du vote, Monsieur ! la puissance du vote !

— Sans doute, la puissance du vote ; il n’y a que cela qui puisse réconcilier ces hommes avec leurs propres inconséquences. Quant à toi, Hughes, il serait bon de te débarrasser de certain ornement à l’église.

— Que voulez-vous dire, mon oncle ?

— Oublies-tu donc que le banc de famille à l’église Saint-André, à Ravensnest, est surmonté d’un baldaquin en bois ? C’est un vieux débris de nos usages coloniaux.

— Ah ! oui, maintenant je m’en souviens, une lourde, et ma foi, bien laide chose, que j’ai toujours considérée comme un ornement de bien mauvais goût.

— Eh bien, cette laide chose a été élevée comme une espèce de