Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/89

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— Comment, dit-il, détermineriez-vous l’étendue du district à punir par la privation de ses droits ?

— Prenez les limites légales comme elles se trouvent. Si la loi est violée par une combinaison assez forte pour maîtriser les agents de la loi dans une ville, privez la ville de ses droits pendant une période donnée ; si c’est dans plus d’une ville, frappez plusieurs villes ; si c’est un comté, frappez le comté entier.

— Mais de cette manière vous punissez les innocents avec les coupables.

— Ce serait pour le bien de tous ; d’ailleurs, vous punissez de mille manières l’innocent avec le coupable. Vous et moi, nous sommes imposés pour empêcher les ivrognes de mourir de faim, parce qu’il vaut mieux agir ainsi qu’offenser l’humanité en regardant des hommes mourir de faim ou en les excitant à voter. Quand vous proclamez la loi martiale, vous punissez l’innocent avec le coupable, et ainsi de suite, dans cent cas différents. Tout ce qu’on demande est ceci : N’est-il pas plus sage de désarmer les démagogues et les perturbateurs de la paix publique qui veulent faire valoir leurs droits de suffrage dans de méchantes intentions, que de souffrir qu’ils atteignent leur but par l’abus le plus flagrant de leurs priviléges politiques ?

— Mais comment décider le cas où une ville devrait perdre son droit de voter ?

— Par un témoignage public en cour de justice : les juges ont l’autorité convenable pour décider en pareil cas, et ils décideront, à n’en pas douter, parfaitement bien dix-neuf fois sur vingt. Il est de l’intérêt de tout homme qui désire exercer le droit de suffrage, de lui donner toute protection contre ceux qui veulent en abuser. Un officier de paix peut faire appel aux citoyens pour l’aider ; si les forces sont suffisantes pour dompter les rebelles, c’est fort bien ; si elles sont insuffisantes, que ce soit une preuve que le district n’est pas digne de donner un vote comme les hommes libres. Ceux qui abusent des libertés dont on jouit dans ce pays n’ont aucun droit à nos sympathies. Quant aux moyens d’exécution, on les trouverait facilement, une fois le principe admis.

La conversation se poursuivit pendant plus d’une heure, le voisin Hall développant avec énergie ses opinions. J’écoutais avec un plaisir mêlé de surprise. — Après tout, me dis-je à moi-même, voilà le véritable citoyen, le nerf et le cœur de ce pays. Il y a dans