Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/11

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Long-Island se bifurque à l’est, et offre, on peut le dire, deux extrémités, dont l’une porte le nom d’Oyster-Pond (l’Étang aux Huîtres), tandis que l’autre, qui s’étend vers Block-Island, forme le cap bien connu de Montauk. Entre les deux pointes de la fourche que décrit l’île de Long-Istand, se trouve Shelter-Island, île située elle-même entre le port de Sag-Harbour, qui est le seul du comté de Suffolk, et la plage d’Oyster-Pond d’un aspect tout rural, tout villageois, à côté des vagues de la mer. On donnait autrefois le nom d’Oyster-Pond à une longue étendue de terre basse, fertile et verdoyante, qui, de l’une des extrémités de la fourche dont nous avons parlé, allait jusqu’à l’endroit où les deux pointes se réunissaient.

Dans les premières années de ce siècle, il eût été difficile de découvrir un canton plus écarté, une oasis moins fréquentée que Oyster-Pond. Hélas ! on en a fait la dernière station d’un chemin de fer ! Il fallait, en effet, le coup d’œil d’un entrepreneur de rail-road pour lier cette langue de terre solitaire avec d’autres plages, et découvrir un rapport entre Oyster-Pond et le reste de l’Amérique ! On a dû se servir de l’eau dont Oyster-Pond est presque entouré, et de l’obstacle faire un moyens : on a réussi, et Oyster-Pond se trouve maintenant sur une ligne placée entre deux des grands marchés de l’Amérique. Ç’a été un coup funeste et mortel porté à la retraite, à la simplicité, à l’originalité de cette plage, de ce champ isolé sur les bords de la mer, tout près d’un grand port dont il restait cependant séparé et à l’écart.

C’était un des beaux jours d’un délicieux mois de septembre et un dimanche. Près d’un des quais d’Oyster-Pond, on pouvait remarquer un schooner, qu’on avait lancé depuis peu, et dont l’équipement n’était pas encore terminé, comme on s’en apercevait à la voilure. Tout travail était suspendu à cause du dimanche, d’autant plus que le schooner appartenait à un certain Pratt, diacre de sa paroisse, qui habitait une maison à un demi-mille du quai, et qui était propriétaire de quelques fermes dont il tirait d’assez bons revenus.

Il y a deux espèces de diacres, les uns ecclésiastiques, et les autres laïques. M. Pratt appartenait à cette dernière espèce, qui