est aussi nécessaire pour vivre qu’à l’homme lui-même. La seule différence qui existe à cet égard, est que la baleine peut rester plus longtemps sans renouveler sa respiration, que les véritables animaux de terre, quoique, à certains intervalles, il faille qu’elle respire ou qu’elle meure. C’est en exhalant l’ancienne provision d’air qu’elle a faite, lorsqu’elle montre, à la surface de l’eau ses trous à souffler, comme les marins les appellent, qu’elle jette cette masse d’eau et qu’elle lance ces trombes qui indiquent aux baleiniers l’endroit où se trouve leur gibier. Ces trombes varient en apparence, suivant le nombre et la distance des orifices par lesquels s’échappe l’air. À peine la baleine a-t-elle exhalé cet air vicié, que les poumons de l’animal font une provision nouvelle, et la baleine ou bien reste à la surface et se livre à ses ébats au milieu des vagues où elle semble rouler, ou elle s’éloigne un peu pour aller chercher sa nourriture.
Cette nourriture aussi varie suivant les espèces. On suppose que la véritable baleine vit d’insectes marins ou de mollusques de l’Océan, qu’elle trouve dans la partie de la mer où les mollusques abondent ; elle les arrête par les fibres poilues qui croissent sur les os qui forment sa mâchoire, la baleine n’ayant pas de dents. Les baleines de l’espèce des spermaceti ont, au contraire, des dents molaires dont elles savent très-bien se servir, et avec lesquelles elles brisent quelquefois les chaloupes de ceux qui viennent les attaquer. Ainsi, les pécheurs de baleines ordinaires n’ont à se garantir que d’un danger en assaillant cet animal, c’est-à-dire de sa queue ; tandis que les spermaceti, outre ce moyen de défense, ont encore des dents. Ce dernier animal, ayant la tête d’un tiers moins grande, ressemble assez au caïman.
Cette courte description de la forme physique et des habitudes des animaux que nos aventuriers venaient attaquer, fera comprendre au lecteur ce que nous avons maintenant à lui raconter. Après avoir ramé à cette distance, des schooners que nous avons déjà indiquée, les chaloupes se séparèrent un peu pour se mettre à la recherche du poisson. Qu’on eût vu des trombes, cela ne faisait pas doute, quoique, depuis qu’on avait quitté les schooners, personne n’eût aperçu de poissons, si l’on peut appeler poissons