Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/142

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À cette remarque, qui appartient à un ordre d’idées très en faveur dans les coteries de ce grand centre des États-Unis, surtout parmi les vieilles dames, le lecteur s’apercevra que le diacre était fédéraliste, ce qui était une nouveauté il y a trente ans, dans le comte de Suffolk. S’il avait vécu jusqu’aujourd’hui, le vieillard aurait parcouru en politique le même cercle de rotation qui a distingué l’école à laquelle il appartenait, et dont la destinée était d’offrir au monde le spectacle du mouvement perpétuel par son dévouement à ce qu’on appelle aujourd’hui les principes Whigs. Nous ne sommes pas de grands politiques, mais le temps nous a offert des termes de comparaison, et il nous arrive de sourire lorsque nous entendons les disciples d’Hamilton et d’Adams, et de toute cette école, déclamer contre l’usage du veto partant du pouvoir d’un homme, et du congrès comme devant diriger le gouvernement ! Le diacre était capable de faire honte à l’administration même de la rigueur du temps, et le lecteur a vu qu’il songeait établir une ligne de paquebots entre New-York et le cap Horn.

— Il devrait y avoir, Marie, une grande marine, une marine énorme, de sorte que les vaisseaux pussent faire le transport des lettres et servir le public. Si Gar’ner se laisse dépasser par ce Dagget, il est inutile qu’il revienne jamais. Les îles m’appartiennent aussi bien que si je les avais achetées, et je ne suis pas sûr que je n’aie pas le droit de réclamer le prix de tous les veaux marins qu’on y aurait pris sans mon consentemen. Oui, oui, nous avons besoin d’une énorme marine pour escorter les marins baleiniers, porter les lettres, et retenir chez eux certaines gens, tandis que d’autres feront librement leurs affaires.

— De quelles îles parlez-vous, mon oncle ? Assurément les îles de veaux marins où Roswell s’est rendu sont désertes et n’appartiennent à personne.

Le diacre s’aperçut qu’il était allé trop loin, et commença à comprendre qu’il se rendait ridicule. Il demanda d’une voix faible à sa nièce de lui passer la lettre, dont il essaya de lire le reste lui-même. Quoique chaque mot de l’écriture de Roswell fût très-précieux pour Marie, l’aimable fille avait à lire la lettre qui