chancelante, le terme de sa carrière qui semblait ne pouvoir être bien éloigné, contribuaient à jeter sur lui un voile de tristesse. Quant à Marie, la jeunesse et la santé la soutenaient encore ; mais elle souffrait du fond de l’âme, en pensant à une absence si longue et si inexplicable.
CHAPITRE XIII.
a dernière lettre de Roswell Gardiner portait la date du 10 décembre
1819, c’est-à-dire qu’elle était partie juste une quinzaine
de jours après qu’il eut fait voile de Rio-Janeiro. Nous retrouvons
le schooner du diacre Pratt le 18 du même mois, ou trois
semaines et un jour après qu’il eut quitté la capitale du Brésil.
De bonne heure, le matin de ce même jour, on apercevait le
Lion de Mer d’Oyster-Pond dans la direction de l’ouest. On
n’était pas seulement en vue de la terre, mais on s’en trouvait
très-près, à moins d’une lieue de distance. La proue du schooner
était tournée vers la terre, et sa vitesse était de quatre à cinq
nœuds. La terre était pleine de ravins, élevée, d’un aspect stérile
là où on pouvait l’apercevoir, et presque entièrement couverte
d’une neige légère mais fondante, quoique l’on fût déjà dans la
seconde quinzaine du premier mois d’été.
Cependant il ne faisait pas très-froid, et l’on sentait que la température devait s’adoucir encore. L’aspect de la terre voisine, âpre, stérile et inhospitalière, glaçait le cœur et jetait sur l’ensemble de la scène qu’on avait sous les yeux un sombre coloris que n’aurait pas donné le temps lui-même. Devant le schooner s’élevait une sorte de pyramide de rochers brisés, qui, occupant une petite île, était isolée en quelque sorte, et se trouvait un peu en avant