Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/148

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sentons la marée de la mer Pacifique ; personne ne peut s’y tromper. L’Atlantique n’a point de pareilles vagues. C’est la un véritable Océan, et c’en est la partie la plus orageuse. Le vent fraîchit et refuse, et j’ai peur que nous ne nous trouvions enfermés ici par un vent régulier du sud-ouest.

Qu’il vienne, Monsieur, qu’il vienne, reprit Stimson ; s’il vient, nous n’ayons qu’à nous hâter d’aller jeter l’ancre. Je puis remplir les fonctions de pilote, et je promets de conduire le vaisseau là où vingt vents du sud-ouest ne lui feront aucun mal. Je sais qu’on peut encore faire ce que j’ai déjà vu faire deux fois. Le temps viendra où le cap Horn sera un véritable port.

Roswell quitta le gaillard d’avant, et se mit à marcher, réfléchissant à ce qu’on venait de dire. La situation était délicate, et exigeait de l’énergie autant que de la prudence. Le lecteur sait de quelle manière Dagget s’était attaché à lui depuis que les deux vaisseaux étaient partis de Block-Island. Les deux Lions de Mer avaient fait voile de Rio, et ils venaient de rallier Staten-Land la veille du jour où nous retrouvons le schooner d’Oyster-Pond, et les deux bâtiments s’étaient assez rapprochés pour que leurs capitaines pussent conférer ensemble. Il semblait que Dagget était contraire à ce qu’on traversât le détroit de Le Maire. Un de ses oncles y avait fait naufrage, et lui avait signalé cette passe comme la plus dangereuse qu’il eût jamais rencontrée. Elle offre, en effet, des obstacles à vaincre, d’après la position du vent et le point de la marée mais Roswell tenait de Stimson, qui avait doublé le cap plusieurs fois, des renseignements favorables sur ce parage. Il y avait peu de vent ; on était menacé d’avoir du gros temps. Tandis que Dagget insistait sur la nécessité de se tenir en dehors de Staten-Land, ce qui forçait les schooners à faire un grand détour et à venir affronter les vents régnants de cette contrée, qui varient du nord-est au sud-ouest, Roswell pensait à l’occasion que lui offraient les circonstances de fausser compagnie à Dagget. Après avoir discuté quelque temps, il pria Dagget d’ouvrir la marche, en lui disant qu’il le suivrait. Cela fut fait, quoique aucun des schooners ne s’éloignât de terre, avant que Roswell eût vu très-distinctement le cap San-Diego, qui appar-