Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/150

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se laisser mordre encore. C’était uniquement dans l’intention de prendre ses précautions à cet égard qu’il cherchait un port.

Pour que le lecteur comprenne mieux les incidents de l’histoire que nous allons raconter, il peut être à propos de dire un mot de la topographie des contrées où il est transporté en fiction, sinon en réalité. À l’extrémité méridionale du continent américain se trouve un groupe d’îles qui offrent un aspect sombre, stérile, rocheux, et qui la plus grande partie de l’année sont couvertes de neige.

Des arbres verts modifient ce caractère de stérilité dans les endroits un peu abrités, et l’on remarque sur certains points une végétation avare qui sert à soutenir la vie animale. Le premier détroit qui sépare ce groupe d’îles du continent, est celui de Magellan, à travers lequel les vaisseaux passent quelquefois au lieu d’aller plus loin au sud. Puis vient la Terre-de-Feu (Tierra del Fuego), qui est de beaucoup la plus grande de toutes les îles.

Au sud de la Terre-de-Feu se trouve un groupe de petites îles très-nombreuses, qui portent différents noms ; le groupe qui est le plus au sud, et qu’on regarde ordinairement comme l’extrémité méridionale de notre grand continent, quoique ce groupe ne se trouve pas sur un continent, est connu sous le nom des Ermites. Si la solitude, la désolation, la stérilité et la contemplation de quelques-uns des spectacles les plus sublimes de cette terre peuvent rendre un endroit propre à servir d’ermitage, on a bien nommé ces îles. Celle qui le plus loin au sud renferme le cap lui-même, formé par la pyramide de rochers dont nous avons déjà parlé, est placée là par la nature comme l’infatigable sentinelle de la guerre des éléments. C’est derrière le groupe des Ermites que Stimson conseillait à son capitaine de se réfugier contre la rafale qui approchait, et dont les signes étaient certains.

Le motif qui déterminait Roswell était plutôt le désir de se débarrasser de Dagget que de chercher un refuge pour son schooner. Il ne craignait guère la rafale, puisqu’il était loin des glaces, et qu’il pouvait se lancer au sud dans une étendue qui semblait infinie. Il y a des îles au sud du cap Horn, et en assez grand