travers les rochers. On finit par se servir des chaloupes pour cet objet, quoique, même vers le milieu de l’été, le rivage nord de l’île fût souvent bloqué par la glace. Mais ce que Roswell désirait éviter, c’était d’exciter parmi les animaux une terreur panique par un trop grand carnage ; il ne voulait donc employer que des chasseurs expérimentés. En suivant cette règle, on fit mieux et plus que si l’on avait attaqué les veaux marins avec moins de prudence.
On hissa, sans beaucoup de difficulté, les matériaux de la maison sur la cime des rochers. Il se trouvait parmi les hommes d’équipage un ancien charpentier, nommé Robert Smith, d’ailleurs, douze Américains sont toujours capables de construire une maison, leurs habitudes de travail et leur esprit naturel d’initiative les rendant propres à bien d’autres métiers. Mott, autre homme d’équipage, avait travaillé chez un serrurier, et il alluma ses fourneaux. Il n’y avait, au reste, qu’à ajuster les divers compartiments de la maison, et l’on eut terminé ce travail au bout de la première semaine. On divisa la maison en deux chambres, dont l’une fut destinée à servir de salle commune, et l’autre de dortoir. On transporta dans la maison tous les matelas qui étaient à bord. Il fut décidé qu’on mettrait la cargaison sur un banc de rochers qui se trouvait à vingt pieds au-dessus de celui sur lequel on avait construit la maison. De ce côté il était possible d’arriver à un autre banc de rochers qui ne se trouvait pas à plus de cinquante pieds au-dessus du pont du vaisseau. Tout fut donc préparé avec jugement et prévoyance.
Les dix premiers jours se passèrent ainsi, tout le monde travaillant avec une égale ardeur. Pour dire la vérité, on n’observa aucunement le jour du sabbat, que l’équipage semblait avoir oublié à terre, quoiqu’il descendît de ces puritains qui en étaient les rigides observateurs. Cependant la maison était terminée, et quoique ce fût un vieux magasin, elle fut d’une grande utilité. Ceux mêmes qui s’étaient plaints, en partant, de transporter toutes ces planches à bord, furent les premiers à se féliciter d’avoir un toit où ils pouvaient aller se reposer, après des journées de travaux. Quoiqu’on fût dans la plus chaude saison de l’année,