Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le schooner se trouvait lesté. Il faisait toujours très-beau pour une latitude aussi élevée. Il y avait vingt-trois jours que le schooner était entré dans cette baie, et Roswell se trouvait au bas de la montagne, non loin de la maison, les yeux fixés sur cette longue côte rocheuse, où les éléphants de mer, les lions de mer, les chiens de mer, les sangliers de mer, se balançaient dans leur marche avec autant de sécurité que la première fois qu’il les avait vus. Le soleil se levait, et les veaux marins sortaient de la mer et grimpaient sur le rivage pour jouir de ses rayons.

— Voilà un spectacle agréable pour un chasseur de veaux marins, capitaine Gar’ner, dit Stimson, qui ne quittait guère son chef ; un spectacle dont je puis dire que je n’ai jamais vu le pareil. Il y a quelque vingt-cinq ans que je suis dans le métier, et jamais je n’ai rencontré un si bon port pour un vaisseau marchand ni de si grands troupeaux de veaux marins que la vue de l’homme n’ait point effrayés.

— Nous avons été heureux, Stephen, et j’espère que nous aurons rempli le vaisseau assez tôt pour partir avant la saison des glaces. Tout bien considéré, nous avons beaucoup de bonheur.

— Vous appelez cela bonheur ; mais il y a, suivant moi, un mot qui vaut mieux que ce mot-là, Monsieur.

— Oui, je sais ce que vous voulez dire, Stephen ; quoique je ne pense pas que la Providence s’inquiète beaucoup que nous prenions cent veaux marins aujourd’hui ou rien du tout.

— Ce n’est pas là mon idée, Monsieur, et je ne suis pas honteux de l’avouer ; suivant mon humble manière de voir, le doigt de la divine Providence est dans tout ce qui se passe. Je ne crois pas, Monsieur, que la Providence veuille que nous prenions aujourd’hui des veaux marins.

— Pourquoi pas, Stimson ? C’est le plus beau jour que nous ayons vu depuis que nous sommes dans l’île.

— C’est vrai ; et c’est ce beau jour de soleil, si beau pour une latitude si élevée, qui me fait penser qu’un tel jour n’a pas été destiné au travail. Vous oubliez sans doute, capitaine Gar’ner, que c’est aujourd’hui dimanche.

— Vous avez raison, je l’avais oublié, Stephen ; mais, pour