Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/182

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de caractère. Voyant que la glace se rejoignait de tous côtés, devant comme derrière, et qu’il n’y avait pas moyen d’échapper, il ne songea plus qu’à adopter le seul moyen qui lui restât pour sauver son vaisseau. Il choisit un endroit où une courbe, formée par le bord de la plaine de glace qui se trouvait sous le vent, offrait à son vaisseau un asile momentané, il y fit entrer son schooner et l’y mit à l’ancre. Puis, il s’empressa de couper la glace, d’abord au moyen de haches, ensuite de scies, dans l’espoir de creuser une ouverture qui, en raison de sa dimension et de sa forme, pût recevoir la coque du vaisseau, et en empêcher ainsi la destruction.

Il y avait plusieurs heures que lui et son équipage travaillaient dans ce but, lorsqu’à leur joie et à leur grand étonnement, ils furent tout à coup rejoints par Roswell et ses hommes. Le fait est que l’équipage du Vineyard avait été si absorbé par le danger qu’il courait, et chaque individu si occupé de son devoir, que pas un n’avait aperçu la chaloupe ou même quelqu’un de l’équipage d’Oyster-Pond, jusqu’au moment où Roswell appela Dagget, et annonça sa présence par sa voix.

— Voilà vraiment du bonheur, capitaine Gar’ner, dit Dagget en secouant la main de Roswell avec beaucoup de cordialité, oui, du bonheur ! J’espérais bien vous rencontrer quelque part près de ce groupe d’îles, car elles se trouvent là précisément où feu mon oncle m’a donné à penser, par ses cartes, qu’on pourrait rencontrer des veaux marins ; mais je n’espérais pas vous rencontrer ce matin. Vous voyez ma position capitaine Gar’ner, et le danger terrible qui nous menace !

— Mais vous avez déjà pris quelques précautions. Comment avez-vous fait pour réussir a creuser cette ouverture où vous avez fait entrer le schooner ?

— Eh ! nous aurions pu réussir moins bien, quoiqu’il eût été plus agréable de mieux nous en tirer encore. Ce n’est qu’une aventure de mer ordinaire, tant que nous pouvons travailler au-dessus de l’eau, et vous voyez que nous avons creusé pour le schooner un beau bassin jusqu’à l’eau ; mais plus bas, ce serait un travail inutile. La plaine de glace a quelque trente pieds d’é-