on pourrait prêter une douzaine tous les matins ; mais c’était un engagement pris sur l’honneur d’un marin, puisqu’il s’agit d’une affaire entre camarades.
Le diacre Pratt ne dit pas à Dagget que Jack pouvait avoir eu d’aussi bonnes raisons que lui-même pour oublier un peu son serment, mais il le pensa.
— Il y a une autre raison de croire que Jack n’a pu trahir le secret, reprit Dagget au bout de quelques instants : c’est que Jack n’a jamais pu mettre le doigt sur la latitude et la longitude, et qu’il ne tenait pas de journal. Et, manquant d’indications précises, ses amis et lui pourraient chercher un an sans trouver aucune des îles.
— Vous croyez que le pirate ne s’est pas trompé en vous parlant de cette plage et du trésor caché ? dit le diacre avec anxiété.
— Je jurerais qu’il a dit vrai, répondit Dagget, comme si j’avais vu la boîte moi-même. Ils étaient forcés de partir, comme vous pouvez le supposer ; autrement ils n’auraient jamais laissé tant d’or dans un endroit si désert mais ils l’y ont laissé, sur la parole d’un mourant.
— D’un mourant ! Vous voulez parler du pirate, n’est-ce pas ?
— Certainement ; nous étions enfermés dans la même prison, et nous eûmes le temps d’en parler plus de vingt fois avant qu’il fût lancé sur sa dernière balançoire. Lorsqu’on reconnut que je n’avais rien de commun avec les pirates, je fus mis en liberté, et je retournais au Vineyard, dans l’espoir d’y trouver quelque navire pour aller à la recherche de ces deux trésors (car l’un vaut l’autre), lorsqu’on m’a débarqué ici. Peu m’importe que le navire parte d’Oyster-Pond ou du Vineyard.
— Sans doute. Eh bien, autant pour vous obliger et vous tranquilliser que pour toute autre raison, j’ai acheté le Lion de Mer, et j’ai engagé le jeune Roswell Gar’ner comme capitaine du navire. Le schooner sera prêt dans huit jours à mettre à la voile ; et si les choses se passent comme vous le dites, ce sera un bon voyage. Tous ceux qui s’y trouveront intéressés auront à s’en