— Il faut nous tenir chaudement, disait le vieux patron, ou l’homme le plus vigoureux n’y résistera pas. Nous avons une assez bonne provision de café, et cela vaut mieux que tout le rhum ou le wiskey qu’on ait jamais distillé. De bon café chaud, le matin, nous rendra la vie le jour le plus froid qu’il puisse y avoir près des pôles, et l’on dit que le pôle sud est le plus froid, quoique je ne puisse pas m’en expliquer le motif.
— Heureusement nos provisions sont encore abondantes, reprit Roswell, surtout en sucre et en café. J’y ai pourvu lorsque nous étions à Rio.
— Oui, Rio est un bon endroit pour ces articles. Mais il faut que le café soit chaud pour faire du bien dans une région comme celle-ci, et pour qu’il soit chaud, il faut qu’on ait des moyens de le chauffer.
— J’ai peur que le bois ne dure pas plus de la moitié du temps que nous avons à rester ici. Heureusement que nous avions une grande provision de bois, mais l’autre navire n’en avait pas autant qu’il lui en aurait fallu pour un tel voyage.
— Eh bien, Monsieur, vous savez sans doute ce qu’il nous reste à faire. Sans nourriture chaude les hommes ne peuvent pas plus vivre dans une région comme celle-ci qu’ils ne peuvent se passer de toute nourriture. Si le schooner du Vineyard n’a pas de provision de bois, il faut que nous en fassions du bois de chauffage.
Roswell regarda quelque temps Stimson avec une attention marquée. Il approuvait entièrement cette idée qui lui était soumise pour la seconde fois.
— Sans doute, dit-il, mais il ne sera point facile d’y faire consentir le capitaine Dagget.
— Qu’il soit privé deux ou trois jours de café chaud, répondit Stimson en secouant la tête, et il sera trop heureux de le permettre. Dans un climat comme celui-ci, on est naturellement porté à mettre le feu à tout ce qui peut brûler.
— J’en parlerai au capitaine Dagget.
Roswell n’y manqua pas, mais le capitaine du Vineyard reçut cette proposition comme une injure. Jamais une discussion plus