Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/274

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un morceau de bois. Cet homme, jeune et beau, n’était plus qu’une masse de glace inerte. Quelques degrés plus au sud, il est probable que ces restes humains auraient gardé leur forme jusqu’à la trompette du dernier jugement.

On ne perdit point de temps en consultations stériles devant le corps de cet homme, que les hommes de l’équipage d’Oyster-Pond avaient toujours beaucoup aimé. Vingt minutes après, on trouva l’autre corps : les deux cadavres gisaient sur la route qui existait entre la case et le navire naufragé. C’était le dernier qui était mort ; mais comme l’autre infortuné, il pouvait rester ainsi dix mille ans s’il n’y avait pas de dégel.

Roswell ne s’arrêta qu’une minute pour constater l’identité du cadavre, et il se hâta de se rendre avec ses compagnons là où il était possible de faire du feu, c’est-à-dire au navire naufragé. Au bout de dix minutes ils se trouvèrent tous dans les cavernes de glace, et ils entrèrent dans la cabine sans regarder, ni à droite ni à gauche, sans chercher aucun de ceux qui devaient être dans ce navire ; les nouveaux venus ne s’occupèrent que de faire du feu. On avait rempli de bois la cambuse, et il était évident que plusieurs personnes s’étaient efforcées d’y obtenir un peu de flamme. On avait mêlé des planches de pin au bois de chêne du vaisseau, et il ne manquait plus que les moyens d’allumer. Heureusement pour eux-mêmes, Roswell et ses compagnons s’en étaient munis.

Il n’y avait pas un homme, parmi ceux d’Oyster-Pond, dont l’esprit ne fût concentré en ce moment dans un seul désir, celui d’obtenir de la chaleur. Le froid avait pénétré lentement, mais cruellement, dans leurs habits ; et Roswell lui-même, dont la force morale avait été ce jour-là d’un si merveilleux secours, éprouva quelques frissons. Ce fut Stimson qui entra le premier dans la cambuse, d’autres le suivaient portant des lampes, de la toile imprégnée d’huile, et un peu de papier tout préparé. On trouva qu’il faisait plus chaud dans la cabine les portes fermées, et les voiles servant d’abri extérieur pour empêcher l’air de pénétrer ; cependant, lorsque Roswell regarda le thermomètre, il vit que tout le mercure était encore dans la cuvette.