serrure, à la grande surprise de Roswell, le vieillard regarda le jeune marin de l’air le plus sérieux et le plus solennel, lui déclarant qu’il allait l’entretenir d’un sujet du plus haut intérêt.
Le jeune marin ne savait trop que penser, mais il espérait que Marie se trouverait quelque peu mêlée au résultat.
— D’abord, capitaine Gar’ner, poursuivit le diacre, il faut que je vous demande de prêter un serment.
— Un serment, diacre ! Cela est tout à fait nouveau dans la chasse des veaux marins.
— Oui, Monsieur, un serment, et un serment qu’il faudra garder très-religieusement après l’avoir prêté sur cette Bible. Ce serment est la condition que je mets à toute affaire entre nous, capitaine Gar’ner.
— Qu’à cela ne tienne, diacre, je prêterai deux serments s’il le faut.
— C’est bien. Je vous demande, Roswell Gar’ner, de jurer sur ce saint livre que les secrets que je vais vous révéler, vous ne les communiquerez à personne, excepté de la manière que je vous prescrirai ; que vous ne vous en servirez dans l’intérêt de personne, et que vous serez en tous points fidèle à vos engagements envers moi. Ainsi, Dieu vous soit en aide !
Roswell Gardiner baisa le livre, très-surpris et fort curieux de voir ce qui allait suivre. Le diacre posa le livre sacré sur une table, ouvrit un tiroir, et y prit les deux cartes si importantes où il avait transcrit les notes de Dagget.
— Capitaine Gar’ner, reprit le diacre en étendant sur le lit la carte de l’Océan antarctique, il y a assez longtemps que vous me connaissez pour éprouver quelque surprise de me trouver, à cette époque de ma vie, occupé pour la première fois de l’armement d’un vaisseau.
— Si j’ai éprouvé quelque surprise, diacre, c’est qu’un homme de votre jugement se soit tenu si longtemps éloigné d’une occupation qui est seule digne d’un homme de capacité et d’énergie,
— Voilà le langage d’un marin, mais vous aurez de la peine à faire entrer dans vos idées ceux qui n’ont pas navigué.