Marie répéta ces paroles, ou plutôt cette idée, en d’autres mots, à la grande satisfaction de Roswell Gardiher.
CHAPITRE VIII.
e soleil se couchait lorsque Roswell Gardiner fut de retour au
vaisseau, après avoir accompagné Marie chez son oncle et lui
avoir dit un dernier adieu. Nous ne nous étendrons pas sur cette
séparation. Elle fut touchante et en même temps solennelle ; car
Marie remit à son amant une petite Bible, en le priant d’en consulter
quelquefois les pages. Ce livre fut accepté avec le même
esprit qui le faisait offrir, et placé dans une petite caisse qui contenait
une centaine d’autres volumes.
À mesure que l’heure de lever l’ancre approchait, l’inquiétude toute nerveuse du diacre se montrait au jeune capitaine. À chaque instant il allait trouver Roswell, et il était, qu’on nous passe l’expression, toujours sur son dos, ayant toujours quelque avis à lui donner ou quelques questions à lui adresser. On aurait dit qu’au dernier moment le vieillard n’avait pas le courage de se séparer du vaisseau, sa propriété, ou de le perdre de vue. Cela fatiguait beaucoup Roswell Gardiner, quelque favorablement disposé qu’il fût pour tout ce qui portait le nom de Pratt.
— Vous n’oublierez pas les îles, capitaine Gar’ner, disait le vieillard, et vous aurez soin de ne pas aller toucher. On dit que dans ces latitudes élevées la marée est terrible, et qu’elle galope